La métropole de demain sera durable et connectée. Informations, énergie, transports, marchandises, notre environnement quotidien comme nos comportements seront rationalisés par ordinateur via capteurs et puces RFID. Deux projets locaux sont déjà sur les rails : la maison et le quartier « intelligents ».
Ce 22 juin 2013, le boss d’EuraRFID Chekib Gharbi s’est fait vendeur Darty. Aux portes ouvertes d’Euratechnologies, il passe en revue les derniers gadgets de sa maison « intelligente » devant des spectateurs médusés.
Micromachine
Clac ! Derrière nous, la porte se ferme d’elle-même. Les capteurs de température et d’humidité ferment automatiquement les fenêtres, baissent les volets, enclenchent le chauffage, et envoient les infos sur un smarthome monitoring pour une consommation énergétique optimale. Bienvenue dans la « maison du futur », la maison qui pense à notre place. Notre hôte intelligent poursuit : « L’ordinateur a détecté ce qu’il y a dans votre frigo et votre étagère. Il vous propose une recette de cuisine en fonction. » Ou passe directement commande au supermarché. Il approche son IPad du logo Transpole et reçoit l’horaire du prochain bus, le nombre de V’Lille ou de parkings disponibles, l’état de la circulation. Géolocalisé, le voilà téléguidé. Dans l’armoire à pharmacie, les médicaments sont pucés. Idem avec la bibliothèque : l’étagère repère et enregistre le bouquin, balance combien de fois il a été emprunté, et par qui.
Parlez à votre maison, elle réagit. Jetez un flyer sur votre table « intelligente », elle reconnaît le concert et en joue un extrait. La télé connectée à Internet vous a identifié par biométrie, vous accédez à un bouquet de services. Gestion des repas, appels d’urgence : « C’est très pratique pour les personnes dépendantes », continue Gharbi. Les services de soin à domicile, les amis, les voisins deviennent superflus. Plus d’humains, plus de problèmes.
Macromachine
Ce qui vaut pour les maisons individuelles, vaut pour un quartier ou une ville entière, grâce aux RFID et réseaux de capteurs : trafic automobile, fluides, transports en commun, etc. Le mouchard « PassPass », aujourd’hui obligatoire dans le métro, se fera « Passport numérique » pour « accéder à de multiples services de la vie quotidienne, de la culture, du tourisme et du commerce » [1] et planifier à distance les comportements des technopolitains. Avec le projet Sunrise, Lille 1, les Eaux du Nord et EuraRFID expérimentent le quartier « intelligent » en grandeur « nature » sur le campus. Le réseau d’eau, comme l’électricité, sera muni de capteurs pour contrôler (repérage automatique des pollutions, réduction en amont des pertes d’eau) la consommation de tous et de chacun. L’enjeu : « une responsabilisation plus forte des usagers. » [2] Lille Métropole Habitat est sur le coup.
Qui dit ville intelligente dit fonctionnaire intelligent. Sciences Po Lille, EuraRFID, Polytech et l’IFSTTAR [3] élèvent une batterie de « chefs de projet » dans un Master intitulé « Creacity » : « Il faut repenser la ville dans son ensemble, en prenant en compte l’ensemble des enjeux qu’ils soient environnementaux, sociaux, économiques ou culturels au travers des Technologies de l’Information et de la Communication. » [4] Toujours plus dense et plus fluide, une métropole-machine est en construction. Pour l’instant, quelques humains résistent encore...
[1] Lille’s Agency, consortium de patrons et d’élus de toutes les couleurs.
[2] Smartplanet.fr.
[3] Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux. Cet établissement a une antenne à Villeneuve d’Ascq.
[4] Polytech-lille.fr.