Facebook mes fesses. Fallait pas l’inviter.

Le développement d’Internet a banalisé la mise en ligne d’informations relatives à la vie privée. Une massification qui sert les intérêts des gouvernements, et aux recrutements des services de ressources humaines...

 

Depuis quelques temps d’étranges «  spams amicaux » pullulent dans notre boîte mail : ce sont des invitations d’ami-es, d’inconnus, de groupes de musique, à consulter leur profil. Pour ne rien arranger, on découvre le mois dernier qu’un petit malin a carrément créé un compte au nom de La Brique (cf. ci-dessous l’extrait du mail qu’on lui a envoyé). Il voulait se faire « du réseau », via le journal et le site numéro un des trombinoscopes [1]. Ce qui nous amène à une petite mise au point sur une faiblesse contemporaine : l’auto fichage. Se livrer autant derrière son clavier peut porter à conséquence, et interroge la propension de chacun à pouvoir se muer en flic ou en voyeur [2]. Dans Google, « rien ne se perd », tout informe. C’est comme ça qu’on voit de plus en plus d’entreprises s’assurer du profil de leurs futurs employé-es en effectuant des recherches sur le net... ou que vous pouvez trouver l’adresse et le numéro d’une personne en mettant le curseur sur son CV.

Tant qu’il y aura des moutons

Dès le départ, un piège bien camouflé dans des clauses écrites en tout petit. On les accepte généralement sans réfléchir pour n’importe quel logiciel, boîte mail, ou réseau social. Ainsi, s’inscrire sur Facebook implique que vous acceptiez de transmettre vos données personnelles au gouvernement des États-Unis, et aux « tiers » avec lesquels Facebook est en lien. En deux coups de clic à souris sur la toile vous pouvez vous renseigner sur les fonds d’investissement de la CIA dans le business Facebook [3]. L’agence américaine, plus grande fabrique de coups d’État au monde, s’assure quelques profits mais ce n’est pas tout. Affinités, habitudes de consommation, angoisses, opinions personnelles ou politiques ; mis bout à bout, ces éléments forment un panel d’échantillonnage à étudier pour les agences de sécurité intérieure.

Il y aura des bergers

Fessesbook est un miroir aux alouettes. Des rencontres, un boulot, un moi virtuel malléable ; les utilisateurs espèrent sans doute y trouver ce que les prisons de la société ne leur apportent pas : une « meilleure » vie sociale, son immédiateté. Comme tant d’autres outils techniques (portables) ou numériques (email), on est séduit par certains avantages, mais enchaîné à un support de contrôle. Car l’objectif reste toujours le même : contrôler l’information et les populations. Si certain-es utilisateurs ont parfois l’illusion de pouvoir en faire « bon usage », pour la diffusion d’infos ou en restreignant le contenu de leur profil, cela reste un flicage consenti. L’enregistrement et l’analyse de ces données facilitera les recherches des services de renseignements, tout en traçant des pointillés entre les gens. Les personnes qui désactivent leur compte sont gardées en mémoire, comme celles que vous invitez. Même morts, vos données vous survivront, « immortalisées » [4] dans une catégorie défunt-es. Et vos stèles seront des mouchards pour traquer ceux qui s’y recueillent...

Paremski

Extrait de la lettre envoyée au supposé « petit malin » :

« Si [c’est toi qui as créé un compte FB] merci de le retirer (…) si c’est pas de toi, alors désolé, mais la chose importante, c’est que même sans copyright, La Brique se réserve seule, par le collectif de la rédaction, d’en utiliser le nom, on n’est pas une vague marque de soda, mais on n’est pas une page volante, non plus... et on peut pas blairer Facebook, on va pas tarder à faire un article là dessus. Ce n’est pas ici, je te remercie d’avance, le lieu pour nous "prouver" son utilité. On n’en veut pas dans nos vies. La Brique ne veut pas être sur Facebook, elle veut cramer Facebook. Respectueusement, et en attendant ta réponse »Retour ligne automatique
NB : Le compte Facebook au nom de La Brique a été effacé rapidement.

Notes

[1Avec 300 millions d’inscrits Facebook est la première base de donnée d’images et le premier site de réseau affinitaire.

[2Portrait Google d’un internaute pris au hasard letigre.net.

[3« Facebook serait-il au service de la CIA ? », agoravox.fr.

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