Vous parlez d’une liste indépendante à la gauche du PS. Mais de quelles organisations politiques proviennent les personnes figurant sur la liste (la LCR, des syndicats, les alternatifs, LO ?) ? Cette liste provient-elle de la dynamique « collectif antilibéral de Lille » ?
La seule organisation politique qui soutient la liste actuellement est la LCR. Mais des discussions se poursuivent avec les Alternatifs et d’autres vont être interpellées directement, comme LO qui n’a encore rien déclaré, ou même le PC et Alter Ekolo qui ont choisi pour l’instant de figurer respectivement sur les listes du PS et des Verts. Nous leur proposerons de nouveau la démarche d’une liste anticapitaliste, indépendante du PS. Des personnes du collectif antilibéral sont impliquées dans la démarche et espèrent arriver à une liste d’union de la gauche du Non. Mais il y a aussi des syndicalistes et des jeunes qu’on retrouve dans toutes les luttes depuis plusieurs années et notamment en novembre et décembre derniers contre la casse des universités et des régimes spéciaux de retraites, qui essayaient de créer le « tous ensemble ». La liste est avant tout une opposition à la politique de la droite. Elle s’inscrit autant dans les luttes nationales (retraites, franchises médicales, pouvoir d’achat, sans-papiers…) que dans les luttes locales : réquisition des logements vides, transports en commun et services publics de l’eau ou des ordures ménagères confiés aux entreprises privées, services de la petite enfance et du quatrième âge hors des logiques marchandes, etc…
Quelles difficultés avez-vous rencontré pour constituer cette liste ? Certaines questions ont-elles posé plus de problèmes que d’autres (constitution de la liste, revendications, programme, etc) ?
Nous sommes partis du travail commun réalisés avec de nombreux autres militants sur diverses luttes et d’un accord politique sur la nécessaire indépendance du PS et de sa politique sociale libérale à Lille comme ailleurs. La « lettre ouverte au chef de la gauche caviar » publiée par Vlad début décembre a assez bien résumé la situation. Mais la principale difficulté a été de mettre la dynamique en marche : nous étions complètement impliqués dans les luttes jusqu’en décembre et, si elles ont été un levier pour créer la liste, elles nous ont aussi un peu retardés. Nous sommes donc encore entrain d’achever la constitution des listes. De plus, nous voulons vraiment prendre le temps de permettre à un maximum de personnes et de courants de s’y impliquer. Tout le monde est d’accord sur les revendications qui nous sortent de la logique du profit et refusent toute distribution de l’agent public aux entreprises privées, sur les revendications de solidarité (avec les Roms et les sans-papiers notamment), sur l’indépendance vis-à-vis de la gauche institutionnelle. Il est évidemment hors de question si nous avons des élus qu’ils ou elles participent à une majorité municipale avec le PS.
Quelles ambitions avez-vous en montant cette liste : montrer qu’une autre gestion politique serait possible à Lille ? Peser sur la future politique du PS (ou de l’UMP...) ? Tenter d’obtenir des conseillers municipaux ? (et/ou autres !)
Bien sûr qu’une autre gestion est possible. Si nous arrivions en tête à cette élection, nous le démontrerions, mais nous n’en sommes pas encore là à Lille… Bien sûr un de nos objectifs est d’avoir des élu-e-s. Mais dans ce système antidémocratique, il faut soit obtenir plus de 10%, soit plus de 5% et fusionner avec une autre liste… Ces décisions seront prises démocratiquement par l’ensemble des membres de la liste. Ce qui est sûr, c’est que nous ne vendrons pas notre âme pour des postes. Si il devait y avoir fusion avec la liste d’Aubry, ce serait en conservant notre liberté de parole, y compris entre les deux tours, et pour mener une opposition de gauche dans le conseil municipal. Ca permettrait déjà de faire tout un travail d’information, de dénonciation des politiques libérales et de construire des mobilisations autour de propositions alternatives : retour d’une régie municipale de l’eau, virer Véolia des parkings, instaurer la gratuité des transports… Enfin, bref, s’opposer à chaque fois aux intérêts capitalistes.
Quel est votre avis sur le fait que le PCF s’allie d’entrée de jeu avec le PS ? Et sur les Verts ?
Nous avions espoir que les militants communistes refusent l’accord avec le PS et fassent pression pour en être indépendants comme c’est le cas à Lambersart. Ils ont fait un autre choix, nous nous adresserons à eux tant que les listes ne seront pas déposées… Mais on peut douter du résultat quand on voit l’exemple de Roubaix où ils sont sur une liste avec le PS et… le Modem ! Quant aux Verts, non seulement ils gèrent les institutions avec le PS, mais ils appelaient même à voter oui au referendum sur la constitution européenne. Ceci dit, nous continuerons d’interpeller les militants et courants de gauche de ces partis pour les convaincre de rompre avec ces logiques et de se regrouper sur des bases antilibérales et anticapitalistes.
Vous ne parlez pas du casino, du futur super-commissariat de Lille-Sud, etc. Simple oubli ou volonté de davantage porter des propositions que des critiques sur les cinq dernières années de la gestion PS ?
On en parle. C’est même le contre-exemple de ce que nous ferions si nous étions élus. Et on peut ajouter à la liste le projet de grand stade financé par l’argent public pour les intérêts privés. Reste à mettre tout ça en forme, à tirer et diffuser les tracts…
Que pensez-vous des personnes (plus de la moitié en 2001) qui s’abstiendront en mars ?
Si on construit cette liste, c’est pour offrir une alternative. Mais on ne leur propose pas seulement de voter. La liste est encore ouverte, tout le monde pourra mener la campagne et surtout, notre objectif est de poursuivre cet engagement commun au-delà de la campagne électorale. Car ce sont les luttes qui permettront de changer les choses et plus les anticapitalistes seront unis, plus les luttes auront de chance d’être victorieuses.
Interview de deux militant-es de la LCR présent-es sur cette liste, dont le tête de liste Jan Pauwels. Nous précisons que les autres co-listier-es n’ont pas pu y répondre du fait que nous leur demandions de nous répondre rapidement.