Alain Dinin, PDG de Nexity, premier promoteur immobilier français, est un beau spécimen dans la faune des businessmen. Aux « grands débats » de la communauté urbaine, sa « grande gueule » en a stupéfait plus d’un. Retour sur le rêve américain d’un « ch’ti devenu roi des promoteurs » [1].
Tapes dans le dos, sourires aux éclats : Alain Dinin est bien chez lui à LMCU [2]. à la tribune du premier atelier des grands débats, son intervention fut remarquée. à l’aise, il interpelle à plusieurs reprises ses amis dans le public. Puis il se rêve (à voix haute) humaniste : « le promoteur n’est pas extérieur à l’acte d’urbanisme, il fait ça pour les gens ».
Originaire de la région, il a depuis déménagé dans un hôtel particulier des beaux quartiers parisiens. Fort de ce parcours résidentiel, il assène des évidences d’une rare perspicacité : « à Marcq en Baroeul, il y a de la mixité sociale ». Moment de doute et regards inquiets, puis un rire contenu (on est dans l’antre de LMCU) traverse toute la salle. Dinin un peu gêné enchaîne, « c’est que...à Paris, on ne voit pas ça ». Aurait-il perdu la tête ? Non, juste le contact avec la réalité.
Des pavés et des briques
L’explication se trouve dans son parcours. En 68, Alain Dinin lance des pavés sur les CRS. Comme beaucoup, il est vite rentré dans le rang. Il se forme alors à l’Ecole Supérieure de Commerce (ESC) de Lille et débute auprès des meilleurs. Quand il commence sa carrière dans le groupe Georges V, Bernard Arnault lui apprend « à ne pas avoir peur » (1). Puis Jean-Marie Messier fait de lui le numéro Un de la branche immobilier de Vivendi.
Avec d’autres petits copains du même cru [3] et l’aval de ses maîtres, Dinin reprend la branche immobilier et en fait Nexity. Grâce à « son acharnement à gagner au golf comme en négociation » (1), il fait le ménage dans l’ex-filiale de Vivendi (comprendre licenciements et restructuration) et commence à s’amuser avec son joujou : il s’achète les agences Guy Hocquet, Century 21 et s’invite à un maximum de débats publics. Certain-es diront qu’il revendique un rôle à jouer dans le débat sur le logement, d’autres, qu’il serait à la recherche de juteux marchés publics : les collectivités locales sont les premiers clients de Nexity (une dizaine de contrats entre Nexity et LMCU). L’homme, également dans le groupe Vinci, à l’ESC de Lille et membre du bureau exécutif de la Fédération nationale des promoteurs-constructeurs (FPC), collectionne les casquettes.
Aujourd’hui, le pauvre Alain Dinin est en baisse de régime : c’est la crise. Nexity engendre de grosses pertes (129 projets qui se cassent la gueule et 150 licenciements) et Dinin est « obligé » de passer sur tous les plateaux télé pour rassurer ses actionnaires. à LMCU, en tout cas, on lui fait entière confiance, à lui ce businessman de l’immobilier, et on le montre.
A.D