Bulletin de grève / mars 2009

Ça gronde... Inutile d’établir la liste des centaines de boîtes privées, de bahuts, d’administrations en grève le 29 janvier : des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue en région contre les attaques du patronat et du gouvernement.

 

Même si à leur habitude, les médias ont mis l’accent sur le « jeudi noir » et le décompte des trains disponibles pour les non-grévistes, cette journée de lutte n’est pas passée inaperçue. Elle serait même « historique ». C’était compté d’avance, la bourgeoisie et ses relais politiques n’ont pas reculé d’un pas. Il en faudra bien plus. Pourtant, les bureaucraties syndicales moribondes préfèrent laisser défiler les semaines pour aller négocier des miettes chez Sarkozy. Mais nombreux sont celles et ceux qui n’ont pas attendu le 29 janvier, et qui n’attendront pas un hypothétique 19 mars.

Qui sème la misère...

Ainsi les ouvriers de TFN, chargés du nettoyage de l’usine chimique Tioxide à Calais, stoppent le travail plusieurs jours début janvier. Ils protestent contre la convocation d’un collègue par la direction et des conditions de travail de plus en plus dures. Les employé-es de l’ANPE et des Assédic se mettent en grève le 5 janvier, jour de l’ouverture du « pôle emploi ». Les salarié-es de La Redoute débrayent le 8 janvier contre les centaines de licenciements prévus. Les producteurs de lait bloquent la laiterie Nestlé de Cuincy le 13 janvier contre la baisse du prix d’achat. Les conducteurs de Transvilles à Valenciennes arrêtent le travail le 20 pour sauvegarder leurs acquis. 150 grévistes sont comptés au centre de logistique Mercedes-Benz à Prouvy le 30 janvier, contre les salaires de misère.

Début février, les centaines de salarié-es de l’équipementier Automobile Bosal à Annezin entament une grève de plusieurs jours après l’annonce de fermeture de leur usine. Le 9 février, 200 ouvriers d’Arcelor envahissent le comité d’établissement suite à l’annonce du dégraissage de 130 personnes. Le 11, c’est la grève pour les salaires à Renault Douai, suivie par 60 % des 5000 salarié-es. Le 14, au tour des transporteurs de Pomona à Lomme : la direction ne leur proposait qu’une augmentation de salaire de 1,3 %...

...récolte la colère !

La grève la plus dure a lieu chez les travailleurs d’Intissel à Wattrelos, sous-traitant textile pour l’automobile et l’habillement. Depuis quelques années, les licenciements tombent au coup par coup. En janvier, un plan social est annoncé. Les 55 salarié-es débutent un piquet de grève, puis enchaînent par un blocus de l’usine. Réponse de la direction : convocation de 16 d’entre eux au tribunal, lequel donne raison au patronat. On ne le répétera jamais assez : le droit et les tribunaux sont dans le camp d’en face... Au final, les actionnaires optent pour la fermeture de l’usine. Usés par trois semaines de grève, le 11 février, les ouvriers finissent par obtenir le paiement des indemnités de licenciement par l’actionnaire principal, Chargeur. Le bourgeois Jérôme Seydoux détient le quart du capital grâce auquel il a empoché 1,8 millions d’euros en 2007. De l’autre côté, après douze ans de service à mi-temps dans la boîte, Christelle a été licenciée le 9 décembre : « Je n’ai pas fait de bilan de compétence, je n’ai aucune nouvelle de la cellule de reclassement, rien... Ils licencient et ils vous oublient dans un trou. » [1]

À l’usine Bombardier de Crespin, près de Valenciennes, les « dresseurs » sont remontés. Après une journée de grève en janvier, ils sont en « grève totale » depuis le 5 février. Ces métallos, sous-traitants pour le ferroviaire, veulent faire reconnaître la pénibilité de leur travail par des augmentations de salaire. Lors de la manif valenciennoise le 19 février, le mot d’ordre est simple : « Pas de négociations, tout ça c’est du bidon, on entre dans l’action ! » Pour poursuivre la lutte, une caisse de solidarité tourne dans les cortèges et à l’entrée de l’usine. Quant aux 200 salarié-es de Finimétal à Biache-saint-Vaast, ils ont mis l’usine à l’arrêt depuis le 17 février. À ce jour, plus aucun radiateur ou sèche-linge ne sort de l’usine. Conditions de travail et bas salaires sont à nouveau sur la table...

Nous sommes tous des Guadeloupéens !

Bien sûr ces quelques lignes ne suffisent pas à faire état des nombreuses grèves de ces dernières semaines. Ça bouillonne dans de nombreuses boîtes de la région, dans les services ou l’industrie, dans la fonction publique... Dans l’éducation, les journées de grève se suivent, des AG se montent un peu partout, des occupations de lycées ou d’écoles primaires ont lieu contre les fermetures de classe, les suppressions de postes et le manque de moyens. Dans les universités également, où le mouvement des profs, des chercheurs et des étudiants se poursuit et ne demande qu’à grossir. Alors comme en Guadeloupe ou à la Martinique, grève générale et barricades !


Le social se laisse pas faire ! Retour ligne automatique
Depuis trois ans, les employeurs du secteur santé-social tentent de renégocier la « CC66 », la convention collective en vigueur dans nombre d’établissements. À plusieurs reprises, des grèves ont été menées, jusqu’à envahir les réunions parisiennes où directeurs et syndicalistes en costume tentaient de négocier au rabais cette convention. Ces deniers temps, la menace se précise. Le projet patronal prévoit une diminution des salaires et leur individualisation (comprenez salaire au mérite), des congés rognés, la suppression du paiement des trois jours de carence en cas d’arrêt maladie, etc. Dans la région comme ailleurs, les journées de grève se succèdent : les 12 et 29 janvier, le 19 février dernier, et ce n’est pas fini... Si la plupart des syndicats, la CFDT en tête, semblent se résigner à négocier la convention, des milliers de salariés du secteur social sur la région restent mobilisés et des collectifs syndiqués et non syndiqués se mettent en place un peu partout. Grèves et manifestions sont prévues pour chaque réunion « paritaire » afin de demander le retrait pur et simple du projet patronal, l’estimant « non amendable, non négociable ! ».

Notes

[1Citations et informations tirées de Liberté Hebdo, 30/01-05/02

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