Depuis avril, tous les mois, l’émission « Elles causent », faite « sur des femmes, par des femmes et pour tout le monde » (1), grésille sur les ondes de Radio Campus. Considérant la radio comme « un espace public », le collectif veut « rendre visibles toutes les femmes, quelles qu’elles soient ».
Témoignages.
A chaque fois, un thème particulier donne le tempo dans cette émission où les témoignages s’enchaînent et se déchaînent. La première questionnait la prise de parole, les opus d’octobre et de novembre partaient à la rencontre des femmes à travers les campagnes et les villes (2). Plusieurs générations livrent leurs souvenirs. D’anecdotes en observations, on en apprend beaucoup, que ce soit l’éloignement des services administratifs ou de santé pour les rurales, ou l’appréhension ou non - de la rue pour les citadines. L’émission du vendredi 4 décembre abordait « L’accompagnement des femmes victimes de violences ».
Voici l’intro : « Toutes les femmes de toutes les générations de toutes les classes sociales sont concernées. Ça peut nous arriver à toutes, et ça a pu nous arriver à toutes. Mais on a choisi d’aborder cette question en parlant plutôt des solutions possibles et des perspectives, et d’adopter une certaine distance avec cette question, tout en sachant que les filles du collectif, comme les intervenantes, parlent aussi de leurs points de vue de femmes. » Deux salariées de « Ecoute Brunehaut » (à Lille) et de « Louise Michel » (à Villeneuve d’Ascq), qui appartiennent à la fédération nationale « Solidarité femme », parlent et informent.
L’ensemble des témoignages libèrent la parole sur les questions de genre, où le sexe social impose souvent ses normes (salaire et statut professionnel, prostitution, rôle de la mère, violences…), tandis que des questions « pour tout le monde » peuvent se poser, comme le racisme.
Dans le dernier quart d’heure, les « animatrices » reviennent sur les différentes idées évoquées, les passages retenus et laissés de côté. Sans tomber dans la sociologie de comptoir ni dans la propagande à base de coupes bien placées, elles n’en donnent que plus de sens à leurs enquêtes audio.
Auto-formation
Dans ce collectif, on trouve sept femmes qui se voient « au moins une fois par semaine et plusieurs fois la semaine précédant la diffusion », explique l’une d’entre elles. « A chaque fois, quand on fait des montages de son, on arrive avec nos interviews pré-montées, on écoute tout et décide tout en collectif, ce qu’on enlève, ce qu’on garde. Ça donne lieu à des tonnes de discussions sur le fond. Le fait d’enlever telle ou telle chose, est-ce que ça ne dénature pas un témoignage ? ».
Un autre objectif est de « s’approprier l’outil technique et de se former en conséquence au montage, à la prise de son, au studio ». Elles partagent leurs différents savoirs et laissent place à l’autoformation, dans une volonté d’autonomie. A l’écoute du résultat, y a pas de bile à se faire : elles vont nous causer encore un bail.
1 : Texte de présentation de l’émission disponible sur http://ellescausent.blogspot.com/.
2 : Les archives récentes de Radio Campus sont dispo sur son site internet.
Tous les premiers vendredis du mois, 20h00, 106.6 FM. Prochaines émissions sur les migrantes et les filles d’immigrantes.