Le casino de Lille doit ouvrir ses portes. Pour le plaisir de la mairie, de Barrière, et pour le malheur de celles et ceux qui iront y perdre leurs assedics, leur RMI ou leur smic. En guise d’apéro, un casino provisoire était installé en face du chantier, où les sous-traitants exploitaient des roumains sans contrat de travail...
Lundi 25 janvier. Chantier du grand Casino lillois. Un banal contrôle du Comité Opérationnel de Lutte contre le Travail Illégal (COLTI) tombe sur 14 travailleurs roumains au premier étage du bâtiment. Ils ne sont pas « en règle ». Une partie des heures de travail n’aurait pas été déclarée. « Ils sont considérés comme victimes dans cette affaire » prévient le parquet de Lille. Mais ils seront traités en coupables ! Dès leur interpellation, ils sont tous placés en garde à vue. Quelques heures plus tard : direction le centre de rétention de Lesquin. Devant la volonté des avocats de faire libérer l’ensemble des 14 travailleurs, la pref’ demande une prolongation de la rétention. Ils seront finalement tous libres... quatre jours après leur arrestation. Pour Patricia Legros, directrice du Casino, « notre responsabilité n’est pas engagée, ni celle d’ailleurs de l’entreprise qui a sous-traité. » Bah bien sûr. Barrière et Eiffage ont été abusés ! C’est San Isolation sous-traitant d’un sous-traitant qui prend tout avec l’arrestation de ses deux co-gérants.
Racketter les pauvres : un business juteux
Petit rappel. Au moment de la signature du contrat entre Desseigne-grand-pote-de-Sarkozy, patron du groupe Barrière, et la reine Aubry, on avait décortiqué ce projet [1]. Barrière prévoyait un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros par an à partager avec l’État et la commune (15 millions d’euros par an prévus pour la mairie de Lille, soit 14% des recettes fiscales actuelles !). Aubry semble toujours aussi conquise : le 5 décembre dernier elle invitait tout le personnel de LMCU à une soirée « roulette, black-jack, poker ».
La succursale du Casino provisoire a déjà engrangé plus de 11 millions d’euros de produit brut sur la période 2007-2008. L’écrasante majorité provient des fameuses machines à sous qui rendent accro une population toujours plus grande. Notons que les casinos réalisent désormais 95 % de leur business sur ces machines et que 46 % des joueurs sont « inactifs », chômeurs ou retraités. L’ouverture d’un casino vise la population locale, et entraîne automatiquement la naissance de milliers de nouveaux drogués du jeu.
Le PS et le PCF auront leur casino
A l’époque, la construction du Casino faisait la quasi-unanimité du conseil municipal, PCF inclus : « On ne peut pas cracher dans la soupe quand une telle opportunité se présente » nous déclarait alors Michel Cucheval, président du groupe PCF à Lille. Avant d’ajouter très finement : « s’il y a des incidences négatives, il faudra probablement s’en préoccuper. Si c’est la catastrophe, il faudra prendre des mesures. » Aubry, peu bavarde et hypocrite, bégayait alors : « le casino, ce n’est pas ma tasse de thé ». Pour les Verts, on se contentait de râler, en s’empressant d’élaborer le cahier des charges « HQE » du mangeur de billets.
L’ouverture était prévue pour mars 2009. Ce pépin va certainement retarder la construction du « joyau de la collection Barrière » (dixit Voix du Nord). Tant mieux !
A.D
Pour en savoir plus sur les casinos en général ou celui de Lille en particulier, téléchargez la brochure PDF ci-contre, elle rassemble les articles parus dans la Brique sur le sujet depuis 2007.
[1] La Brique a publié nombre d’articles sur le sujet dans ses trois premiers numéros. C’est sur Internet