Chronique d’une « socialiste » autoritaire
Il y a cinq ans, c’est péniblement que la mairie se décide à mettre des moyens supplémentaires pour lutter contre l’insalubrité. Elle sollicite les APU de Lille (Ateliers Populaires d’Urbanisme), subventions à la clef, pour l’aider à repérer les maisons pourries. L’association n’est pas contre, si « c’est selon ses conditions ». Staniec-Wavrant, adjointe en charge de l’habitat, tente alors de leur imposer « l’accompagnement social », un nombre de dossiers d’insalubrité à fournir chaque année, etc. Refus des APU : la subvention majorée ne doit pas influencer leur action.
La bagarre dure trois ans, pour aboutir à une subvention annuelle de 20 000 euros environ. L’APU Vieux-Lille estime avoir fini par « gagner le respect de Staniec », avec des « relations franches ». Ainsi, ils ne se gênaient pas pour critiquer la mairie dans leur journal, Le canard du Vieux-Lille.
Arrogance et mépris
Après les élections de 2008, Linkenheld prend les rênes du service logement. Elle veut rencontrer les APU une par une, et en mairie. Refus : les APU négocient ensemble, et cela doit se passer « chez nous, c’est à eux de bouger ». Elle accepte, et cette première réunion, en présence de tous les salariés et bénévoles, ne pose pas de problème particulier...
En 2009, elle les contraint à venir en mairie. Les trois APU sont présents. Et là, surprise, elle « commence par imposer ses trucs », transformant les APU en prestataires de service... Le président de l’APU Vieux-Lille prend la parole : « Je ne comprends pas, depuis trois ans, on est parvenu à mettre en place un mode de fonctionnement avec la mairie... » Elle le coupe illico pour déclamer : « Je suis le présent ! ». Du côté de l’APU Vieux Lille, « on était tellement surpris... On aurait dû se barrer direct. Ça veut dire quoi, « il n’y a pas de passé » ? Quel mépris, quelle inculture... Moi j’ai essayé d’intervenir par deux fois, mais c’est elle qui monopolise, qui distribue la parole, c’est elle qui décide, tu n’as qu’à fermer ta gueule... C’est une espèce de petit chéfaillon, elle est extrêmement cassante, elle rentre dans le chou tout le temps ».
Au garde à vous
Linkenheld ne semble pas plus aimable avec les associations qu’avec les agents de ses services. Selon une source proche d’un bailleur social, lors d’une commission d’attribution des logements sociaux, « des personnes présentes ont été étonnées de ce traitement, et en fin de réunion, il est arrivé que des bailleurs prennent la parole et lui disent que la façon dont elle traite ses salariés est inadmissible... Les agents, s’ils lèvent un sourcil, ils se font démonter. »
Également, au service logement, tous les papiers doivent passer par elle et sont contrôlés à la virgule près. Du coup, sur les rapports d’insalubrité qu’elle doit signer, d’après l’APU Vieux-Lille, « c’était déjà pas rapide, maintenant c’est encore plus long... » Et elle ne veut plus du terme « surpopulation » : « On ne sait pas pourquoi, avant c’était noté, désormais il faut faire le lien soi-même ! » (entre la surface et les habitants). « La métropole est pourtant l’une des plus pourries de France, avec un nombre de logements insalubres très important ». « Et les réunions de concertation, comme la dernière à la cité Lys à Lille-Fives [1], tu crois qu’elle nous inviterait ? Ben non, comme d’habitude, tout est décidé d’avance, on revient 30 ans en arrière, c’est la politique du bulldozer ».
Mi-Aubry, mi-Thatcher
Pour finir, notons que Linkenheld est positionnée sur le logement pour contrer Alain Cacheux [2]. A plus long terme, elle est pressentie pour prendre le relais d’Aubry dans son fauteuil. Récemment elle a pris la tête de la section PS de Lille en écartant Patrick Kanner de ce poste stratégique (1000 adhérents). Pour certains, c’est juste du Aubry en plus jeune... et en moins social. Ça promet. Mais après tout, ce type de personnage est bien dans l’air du temps, formaté pour gérer la crise d’une main de fer, et enfin « libéré » de toute référence au « socialisme »...
S.G