Mme Diaby et ses trois enfants vivent à Roubaix dans un logement dangereux et insalubre. Service d’hygiène et mairie de Roubaix sont au courant, mais le propriétaire court toujours...
Des fils électriques dénudés à hauteur d’enfant, des murs maculés de champignons, des peintures au plomb, voici le sinistre cadre dans lequel Mme Diaby élève ses trois jeunes enfants (quatre ans, deux ans et un an). Elle arrive de Guinée en 2006 : « On voulait me marier de force, le monsieur avait déjà trois femmes. Je suis venue en France, je ne connaissais personne ici ». Elle se fait aider par des associations comme Aida [1]. Elle habite d’abord un studio à Roubaix et se débrouille comme elle peut : « Je tressais, ça me donnait un peu d’argent ». Son propriétaire d’alors profite de son statut de sans-papiers et, sans prévenir, change les serrures. Au passage, il accapare toutes ses affaires : « Je lui ai payé 1700€ de caution [d’avance sur loyer], il ne m’a rien rendu ». Pour Gérard de l’Atelier Populaire d’Urbanisme (APU) du Vieux Lille, c’est une « situation récurrente ». Les sans-papiers sont les premières victimes des marchands de sommeil.
A louer : taudis à 450 €
Elle obtient finalement une carte de séjour en 2009. A cette époque, enceinte de six mois, elle est ballottée d’hôtel en foyer. Elle finit par louer en mai 2009 un petit appartement dans le quartier de l’Alma, à Roubaix. Le logement est insalubre et dangereux pour des enfants en bas âge. A l’étage, une famille avec cinq enfants occupe un appartement dont le toit fuit, et menace de s’effondrer. Contacté par Mme Diaby en juillet 2009, l’APU est consterné en découvrant les lieux. « Avec une installation électrique pareille, on a eu de la chance de ne pas avoir encore eu d’incendie », s’indigne Gautier [2]. Le service d’hygiène de la ville (SCHS [3]) constate sur place, et demande gentiment au propriétaire de faire les travaux. Le marchand de sommeil renvoie un courrier assurant que les travaux ont été effectués. En réalité, rien n’a été fait.
« Pourquoi faut-il toujours se battre pour obtenir le simple respect des droits ? »
L’APU fait alors pression sur le service d’hygiène qui refuse de fournir son rapport constatant l’insalubrité (nécessaire notamment pour faire une demande de DALO et obtenir une condamnation du propriétaire). « On ne comprenait pas pourquoi ils refusaient de nous communiquer ce document », insiste Gautier. En fait dans ce service, on gère sa tambouille en famille et on n’aime pas trop que d’autres associations y mettent leur nez. Or « priver la famille de ce rapport, c’est la condamner à rester dans son logement ». Pendant plusieurs mois, l’association insiste auprès de la mairie, qui prend plutôt l’affaire en dilettante. Finalement, Mme Diaby vient de se voir proposer un toit... encore en pleins travaux. L’APU n’en démord pas, « on va faire condamner le propriétaire et interdire ce logement à la location ».