La prostitution, on le sait, est très souvent synonyme d’exploitation à de nombreux niveaux. Pourtant, quelques hommes et femmes en ont fait leur métier, l’assument pleinement et sans contrainte (à part celle des flics et de l’État) et ont décidé de s’organiser en tant que travailleur(se)s du sexe.
Le Syndicat du Travail Sexuel [1], syndicat autogéré datant du 20 mars 2009, défend les droits des prostitué-es mais aussi des Escort girls/boys, des acteurs pornographiques et des opérateurs de téléphone rose. Il lutte contre la discrimination et la marginalisation, cherche à assurer la protection sociale et la retraite de ces travailleurs. Il s’oppose à toute forme d’exploitation des enfants et des adultes et à toute moralisation de leur activité.
Depuis sa création, plus de trois cents personnes ont adhéré. D’un point de vue idéologique le Strass défend une position abolitionniste
(contre le réglementarisme et la prohibition, pour un libre exercice, sans contrôle de l’État ni contrainte d’un mac).
Délire minoritaire ou un réel outil de lutte ?
Les détracteurs du Strass affirment que les positions de ce syndicat ne sont valables que pour des prostitué-es « éclairé-es », très minoritaires, et que la majorité des personnes qui exercent cette activité sont des victimes de la traite. Le Strass ne nie en aucun cas l’existence de la traite mais sa réflexion est basée sur la reconnaissance immédiate des droits. Une bataille est ouverte contre la loi sur le racolage passif avec une pétition nationale et des actions contre toute forme de prohibitionnisme. Selon eux, tant qu’elle n’aura pas de cadre légal, la prostitution restera un terreau pour la criminalisation et la prostitution imposée. La prostitution, pour le Strass, doit être un choix et non être exercée sous la contrainte, si tant est que travailler puisse être un choix, et le corps une marchandise.
Y’en a pas une sur cent et pourtant elles existent…
Cette initiative a été mise en place par des personnes pour qui la prostitution est plus qu’une simple prise de position lointaine sans implication, mais bien un quotidien : « Nous sommes aujourd’hui exclu-es du droit commun, face à la police, la Justice, dans l’accès au logement et de nombre d’administrations pour qui nous n’entrons dans aucune case, nous sommes en revanche bel et bien considéré-es comme des travailleuses lorsqu’il s’agit de s’acquitter de nos impôts. Notre revendication principale est d’avoir les mêmes droits que tous les citoyens et citoyennes de notre pays. » [2] C’est l’urgence sociale qui dicte cette initiative. Et après ?