"Les gauchistes vont en avoir des sueurs froides", Becky Fisher
Hé bé, y’a pas qu’les gauchistes qui auront des sueurs froides. Bon, fidèle à une vision manichéenne à laquelle les USA nous ont habitués au moins depuis le 11 septembre, une mère du film balance « Il y a deux sortes de gens, ceux qui aiment Jésus et les autres », bref, est gauchiste qui n’aime pas Jésus. CQFD. Néanmoins vous pouvez tout à fait avoir des sympathies pour Jesus [prononcer djézeuss], ce docu’ vous filerait peut être bien la nausée.
Les deux réalisatrices de Jesus Camp, Heidi Ewing et Rachel Grady, décident de suivre Becky Fisher, pasteur pentecôtiste, une des branches du protestantisme évangélique, célèbre pour ces cérémonies totalement déjantées, où les croyants et les croyantes sont en transe [1], chialent, se mettent à « parler en langue ». C’est la fameuse glossolalie, émettre des bruits bizarres avec la langue et faire semblant de parler une langue inconnue. Merci l’Esprit Saint… Tout ça grâce au pasteur, qui hurle que oui, Jésus est parmi eux, que l’esprit saint est parmi eux … blablabla
Becky Fisher a pour passetemps le bourrage de crâne des gosses de 7 à 9 ans, son modèle, les madrasas, les écoles coraniques où l’on prépare les gamins au djihad, d’où la volonté d’imiter ces structures, des camps d’été, afin de créer une « armée de Dieu » évangélique.
La rengaine pour le reste, « pro-life » (contre l’avortement ) jusqu’à la moelle, « la science c’est de la foutaise, tout est écrit dans la Bible et c’est comme ça », volonté de créer une nation dont Jésus-Christ sera le seul roi. Joyeuse bande d’allumé-e-s ? Groupe ultraminoritaire ? Eh bien le problème est qu’aux States, c’est plus compliqué. G. W. Bush partage bon nombre de vues avec ces gloglos. La nomination de Samuel Alito à la cour Suprême il y a quelques mois de cela constitue le point de départ et d’arrivée de Jesus Camp [2] . Les évangélistes représentent quelques 80 millions de personnes aux States, soit une force électorale non négligeable.
Jesus Camp, même s’il ne comporte aucune analyse historico-sociologique, vaut le coup d’oeil. D’ailleurs ce n’est pas par hasard que Fisher axe son bourrage de crâne sur cette tranche d’âge… Elle avoue que de 7 à 9 ans, on peut faire croire n’importe quoi à un être humain, et cela restera gravé dans son cerveau pour la vie… Ambiance.
[1] Une scène similaire se trouve dans Borat, où Sacha Baron Cohen simule la transe…