" Je vous laisse une demi-heure. Si vous ne reprenez pas le boulot, je reviens avec quelque chose » [1]. menace le DRH de Sieto à Somain, près de Valenciennes. Devant la fermeté des 180 salarié-es, il se torche avec le droit de grève et revient avec 14 lettres de licenciement.
Les smicard-es de cette usine sous-traitante de Toyota se mettent en grève le 20 novembre, pour harcèlement moral et physique de l’encadrement et non versement des primes promises. Durant cinq jours, la direction tente tous les coups bas : « On va vous faire pleurer », prévient le DRH. « On n’est pas des chiens » rétorquent les ouvriers. Au 4ème jour, la direction embauche des intérimaires en remplacement, la grève se durcit, l’usine est bloquée. Le lendemain, les licenciements sont annulés et les primes seront versées.
Chez Norzinco, à Anzin, les 34 salarié-es se retrouvent à la rue après avoir bouffé du plomb et de l’amiante toute leur vie. Malgré un mois de grève en novembre, l’usine ferme à la fin du mois. Les patrons ? Glencore et ses actionnaires voraces, à travers le groupe Métaleurop, qui se prénomme désormais joliment « Recyclex ».
À Lille, Douai, St Omer, Douvres...
En cette fin d’année, de nombreux arrêts de travail se succèdent. Mi-novembre, les salarié-es de la Continentale Nutrition de Boulogne croisent les bras. Ils refusent les conditions de travail et la remise en cause des 35 heures. Au même moment près de St Omer, les employé-es de la papeterie Cascades bloquent l’usine et enclenchent une grève le lendemain pour éviter la suppression de dizaines d’emplois. Le 18, des cégétistes de Calais vont soutenir les dockers anglais de Douvres en lutte. Le 28, caissières et manutentionnaires du Lidl de Calais débrayent pour soutenir un collègue menacé d’avertissement : « Va te faire f... » aurait-il dit au chef [2]. Des débrayages ont aussi eu lieu chez le transporteur NTL (Noyelles Godault), à la Compagnie de transport CAT (Douai), à Total (Dunkerque), chez le fabricant d’étiquettes CCL (Avelin), dans les entreprises de transport de la métropole lilloise, etc.
Les grèves et les manifs ont aussi été nombreuses dans l’éducation nationale et dans le secteur public. Fin novembre, le personnel de la logistique et de la maintenance du CHRU occupent la plateforme de stockage de l’hôpital durant cinq jours. Les CRS les délogent et blessent un salarié. Quelques jours plus tard, les services restauration du CHR se mettent en grève contre les suppressions de postes à venir. Parallèlement, les urgentistes de la région entament une grève illimitée. Des journées de grève également à l’ANPE contre la fusion ANPE-UNEDIC, à l’AFPA contre le démantèlement de l’organisme de formation, ainsi qu’à La Poste, la SNCF, chez Transpole, etc.
La grève, forcément !
Les mois qui viennent s’annoncent encore plus chargés. Outre les mobilisations prévues dans le public, ça gronde sévère, notamment chez les 55 000 salarié-es de l’industie automobile régionale : nombre d’entreprises annoncent des plans sociaux, d’autres sont en cours de liquidation et la liste des sites industriels ayant stoppé leur production faute de commandes est interminable. Des milliers de travailleurs sont temporairement sur le carreau. Au choix, c’est les congés forcés ou être payé à 50 % de leur salaire. Et vue la récession qui s’installe, les licenciements de masse risquent de pleuvoir. L’INSEE en annonce 170 000 pour début 2009 en France. Comme d’hab’, la région ne sera pas épargnée. Donnera-t-elle la réplique au gouvernement et aux patrons le 29 janvier, lors de « la journée d’action interprofessionnelle » - les centrales syndicales n’ayant pas osé la « grève générale » - ? Ou s’y mettra-t-elle plus tôt, considérant cette date quelque peu tardive... La réponse est à vous.
[1] Liberté Hebdo, 28/11- 4/12. Idem pour les citations qui suivent.
[2] Journée d’action lycéenne le 8 janvier, manifestations lycéens - parents d’élèves le 17 janvier, journée de grève de toute la fonction publique le 24 janvier. La mobilisation risque de reprendre également dans les IUT, menacés de disparition.