Ce 13 novembre sur France-Musique, journée promo consacrée aux festivités lilloises. Le mois dernier, c’était France-Inter. Dès l’aube, la « matinale » de la chaîne ouvrait ses ondes à l’inévitable Didier Fusillier, « grand artificier de ce festival fantastique », selon Christophe Bourseiller, l’animateur de l’émission, qui enfilait comme de coutume le costume rayé du cireur de bottes. Ce fut effectivement un festival de flagornerie et d’autocélébration dont voici quelques morceaux choisis.
« N’êtes-vous pas l’homme-orchestre d’une entreprise titanesque, dantesque ? » faisait mine d’interroger l’un. « Je me considère comme un guerrier dans le combat en faveur de la culture, dont la part dans le budget national est dérisoire », répondait l’autre. Qui en profitait pour célébrer le rôle joué par « le politique », en l’occurrence Martine Aubry, et les mécènes privés auprès desquels elle joue le rôle d’« ambassadrice de la culture ». « Sans leur soutien, rien n’aurait été possible », précisait l’« homme-orchestre ». « Grâce aux moyens dont nous disposions, on a pu faire de tout et n’importe quoi [sic !] ». Et d’évoquer le succès des opérations précédentes — Lille 2004 : « 9 millions de visiteurs, 3 millions de billets vendus », Bombaysers de Lille : « 2500 événements. Pour écouter Jean-Claude Casadesus et l’orchestre national de Lille qui ouvraient en octobre dernier Lille 3000, 150 000 personnes sont venues sur la grand place et dans les rues avoisinantes ». Preuve supplémentaire que l’on peut « brasser la culture noble et la culture populaire dans le berceau lillois ».
Christophe Bourseiller, qui n’en est pas à un léchage de cul près, mettait ensuite la barre plus haut : « On avait parlé de vous, avant l’élection présidentielle, comme ministre possible de la culture. Je vous vois bien ministre ». « Moi aussi », répond le Fusillier, refusant de jouer les faux modestes. Et d’enchaîner, en guise de conclusion sur une profession de foi qui devrait réjouir les habitant-es de la métropole lilloise : « Dans une France en crise, je me suis donné pour mission de rendre quand même les gens heureux ».
Voilà de quoi vous mettre de bonne humeur dès le matin.
Jean-Pierre Garnier