La belle affaire des « normes de pollution »

Les normes diminuent et réduisent les pollutions. Elles ne les font pas disparaître. Elles leurs permettent de perdurer. Elles maintiennent un seuil de pollution. Elles légitiment l’hypocrisie d’un système qui construit des seuils d’acceptabilité pour l’inacceptable, qui gangrène la vie pour les profits d’industries inutiles.

Depuis des décennies la préfecture multiplie les rappels à la loi au regard du « code de l’environnement » ou autres normes. Un bras de fer constant où, comme souvent, elle a un temps de retard sur ceux qu’elle traque. Un jeu bureaucratique et législatif dont les habitant-es font les frais. Les documents publics rassemblés montrent que ces « normes » ne sont pas toujours respectées par Exide [1], ou qu’elles ne prennent pas toujours en compte les mesures adéquates pour prévenir les risques [2]. Tant de rappels à la loi nous font dire que, loin de l’image « responsable » que veut se donner l’entreprise, il n’y a que la contrainte qui la fait agir [3]. Ce qui apparaît surtout comme une évidence, c’est qu’aucune norme de pollution au plomb n’est tolérable. L’entreprise peut se défendre de « respecter les règlements qui lui sont imposés ». Le problème de cette pollution, c’est justement aussi celui des lois et des normes qui lui permettent d’exister encore, de continuer à contaminer le quartier et sa population. Le syndicaliste FO que nous avons interrogé souligne : « Les normes de pollution d’Exide sont en dessous des normes européennes ». Vaine bonne foi ! Quand ce sont ces règlements qui participent à l’empoisonnement de l’humanité et au désastre écologique de la planète. Tant que ces lois existeront et que des personnes n’auront d’autres choix que de travailler dans ces fabriques de mort, Lille Sud, ou un autre coin de ville ou de campagne, ou du tiers monde baignera dans le plomb et des travailleurs s’intoxiqueront.

Notes

[1En 2009, un contrôle inopiné montre des écarts entre les mesures de l’auto-évaluation et celles de l’inspection

[2La même inspection révélera qu’il faut changer les capteurs de l’usine, qui ne détectent pas certaines particules fines.

[3À plusieurs reprises la préfecture est obligée d’exiger la mise en place d’un réel plan de gestion des sols.

Rechercher

logo jemabonne

En brèves

  • Copinage (peu) éhonté ! Éric Louis « Mes trente (peu) glorieuses ».

    « Salut les copains-pines de la Brique. Encore un livre ! Et oué, entre deux journées d'usine je m'emmerde. J'espère que cet envoi gracieux me vaudra une putain de pub ! Je sais, je suis un crevard. -Éric- » C'est donc par ces mots de crevard qu'Éric Louis nous a gentiment dédicacé son nouveau livre...

    Lire la suite...

  • Another brique in the wall

    Roger Waters, chanteur, bassiste et co-fondateur du groupe Pink Floyd, performait au stade Pierre Mauroy pour un concert XXL aux airs de meeting politique, le 12 mai 2023. Entre deux classiques, le rockeur de 79 ans ne s’est pas ménagé pour balancer des pains à tour de bras, comme il l’a fait...

    Lire la suite...

  • Mortelles frontières

    Mercredi 31 Mai, un homme de 25 ans venu du Soudan a chuté d’un camion dans lequel il tentait de monter dans la zone industrielle de Marck pour passer au Royaume-Uni. Le poids-lourd lui a roulé dessus. Le chauffeur a continué sa route sans s’arrêter.Une enquête est ouverte pour déterminer s’il...

    Lire la suite...

  • Loi Kasbarian-Berge, le projet qui fout la gerbe

    Afin de protéger « les petits proprios qui ne roulent pas sur l’or » (des créatures mythologiques que le député Renaissance Guillaume Kasbarian serait le seul a avoir aperçus), la loi prévoit de dégommer...un peu tout le monde. D’après une proposition de loi, votée en octobre 2022, les locataires,...

    Lire la suite...

  • Justice oisive à Lille : plus d'un an d'attente pour les procès de manifestant.es

    Ça se bouscule aux portes des tribunaux. La faute à qui ? La police ! À Lille, de nombreux procès bidons sont prévus pour juger les personnes qui se sont fait ramasser avant, pendant et après les manifs. Tellement que certains procès ne se tiendront qu'en septembre... 2024 ! La justice est...

    Lire la suite...