Un pas en avant, trois pas en arrière pour la toxicomanie à Lille

Dans le numéro 64 de la Brique, on avait consacré un article sur l'ouverture d'une salle de consommation à moindre risque (SCMR) qui devait ouvrir fin octobre à Lille. Une SCMR est un lieu qui permet aux usager.es de drogues d’avoir un espace de consommation sécurisant ainsi qu’un accompagnement social. Alors que le projet était presque ficelé, après des années de travail et de d'obstructions à tout-va, Darmanin, ministre de l’intérieur, intervient à la dernière minute pour porter le coup de grâce.De son coté, la Mairie de Lille ne s'était pas montrée pressée pour le dépôt du dossier et avait attendu la date limite prévue par la « loi santé » de 2016, qui permettait aux communes d’expérimenter ce type d’établissement. Suite à un travail de concertation avec les acteurs de l’accompagnement aux personnes toxicomanes, le projet se met en place tant bien que mal et un local est trouvé dans le quartier du Faubourg de Béthune. Le choix de cette implantation est retenu par la présence aux alentours de consommateurs de drogue et pour la proximité du centre addictologie du CHU. Mais c'est aussi le quartier qui jusque ici était le plus délaissé de la commune. Dans l’idée, la SCMR devait impliquer plusieurs structures sous la coordination de la Sauvegarde du Nord. Mais Darmanin, fervent opposant aux SCMR considère que la consommation de drogues ne peut être encadrée, elle ne peut qu'être réprimée. Comme le projet n’a pas pu être complètement piétiné, il n’a pu que refuser le lieu choisi. Cyniquement, il propose la fiche St-Sauveur, un terrain où il n’est pas possible de poser de permis de construire pour le moment. À présent, il est trop tard pour proposer un autre espace. LREM s’en réjouit, une partie des riverain.es aussi car très peu concerté.es Les pro-SCMR comptent maintenant sur un projet de loi autorisant les structures accompagnatrices des toxicomanes (les CAARUD) à dédier une partie de leur espace à l’encadrement de la consommation. Le projet de loi a été voté à l'Assemblée nationale, on attend encore une validation du Sénat. Sinon, la Mairie envisage une autre piste : financer un bus qui irait sur les zones de consommation. C'est une alternative mais certainement pas une solution.
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Pourtant, rien n'a changé depuis des siècles ! Toujours les mêmes précaires qui s'en prennent plein la gueule. Et toujours les mêmes bourges qui font des profits records. Toujours les mêmes noms en bas des amendes, toujours les mêmes noms en haut des chèques. Sauf que le prétendu jeu méritocratique n'est pas une évidence, et tant que la majeure partie des gens penseront le capitalisme comme indépassable, on ne s'en sortira pas.
Tant que dans les consciences l'espoir et le rêve d'une vie meilleure sera entretenu par le capitalisme dont le ressort originel est la spoliation et l'inégalité, le système perdurera. Tant que nous n'arrivons pas à imposer dans les imaginaires la possibilité d'un monde basé sur la coopération et le collectif, nos quotidiens continueront aux rythmes d'enfer de manière irrémédiable jusqu'à l'invivable. Des générations et générations de militant.es ont planté des graines. Arrosons les luttes, Il est temps pour nous de pousser comme les mauvaises herbes que nous sommes.