Roms : le fiasco lillois

rromsLes Roms, en majorité roumain-e-s, sont environ 1000 personnes dans le Nord dont pas loin de 800 dans la Métropole Lilloise (1). Une cinquantaine a accepté l’aide au retour volontaire (2). La préfète du Nord déléguée à l’égalité des chances (sic), Mme Klein, nous a affirmée que récemment, « il n’y a eu aucune expulsion » et que « seules des OQTF ont été délivrées ». Pourtant, le 21 décembre, une femme Rom est expulsée du territoire et reconduite à 750 km de chez elle, sans sa famille !

Intégration ? L’AFEJI (3) a été récemment missionnée par les services de l’Etat , afin, selon Mme Klein, de « voir ceux qui sont intégrables, ceux qui ne peuvent pas l’être, ceux qui maîtrisent la langue, et voir si éventuellement ils peuvent intégrer des métiers en tension, ce qui rendrait leur intégration plus facile ». L’AFEJI aurait commencé ce travail sur Valenciennes « où un certain nombre ont décidé de partir en Roumanie », l’association ayant « aidé à convaincre certains de repartir en Roumanie, quand c’est la meilleure solution pour eux ». L’AFEJI est-elle le nouveau chien de garde de la préfecture ?

Lors de la rentrée des classes, les premiers enfants Roms s’inscrivent dans les écoles de Lille. Au cours des mois, les inscriptions sont de plus en plus difficiles. Selon Mme Klein, «  Ce n’est pas du ressort de l’Etat, car tout a été fait du côté de l’Etat pour permettre la scolarisation obligatoire des enfants roms ». Du côté de la mairie de Lille, « cela lui a posé un certain nombre de difficultés » d’après la préfète. Elle affirme qu’il y avait «  la volonté de ne pas créer une école ghetto ». A l’inverse, il semble que la mairie préfère scolariser les enfants dans un nombre restreint d’écoles au Sud de Lille.

Expulsions toujours…

En Août dernier, des dizaines de Roms sont expulsés d’un terrain qu’ils occupaient à Lille Sud. Un groupe trouve alors un terrain de la SERNAM4, près de la Porte de Valenciennes ; un autre groupe dans et auprès d’un hangar privé, dans les alentours.

Suite à la visite à Lille le 14 février de la Ministre du logement et de la ville, Christine Boutin, le préfet a réquisitionné des logements d’urgence5. Néanmoins il semble qu’il y ait eu des actions désordonnées au sein des services de la préfecture… Suite à une plainte de la SERNAM et à l’insistance des riverains soutenus par la Mairie de Lille, les Roms ont été expulsés du terrain par la préf’ le 20 février, avant l’ouverture officielle de ces logements (6) ! Ce fut donc un véritable fiasco : des familles seront logées plus de 14 heures après l’expulsion, parfois séparés ! Certaines seront envoyées à l’auberge de jeunesse de Lille, d’autres dans des structures au sud du département. Quelques familles resteront sur place, ne voulant laisser leur peu de biens à l’abandon.

Trois jours après, un incendie se déclare dans le Hangar privé où stationne le deuxième groupe. Il cause la mort d’une jeune Rom handicapée de 26 ans. Les Roms de ce terrain sont alors expulsés. On parle d’amiante présente dans le hangar. C’est la même rengaine : des familles entières sont là, à la rue, le soir. Une partie sera logée à l’auberge de jeunesse, une autre au premier étage de la maternité de Marcq-en–Baroeul qui ouvrira le lendemain, et quelques familles resteront sur place.

La préf du Nord fait semblant d’intégrer d’une main, mais expulse de l’autre. Mme Klein nous concède une légère contradiction, « mais c’est beaucoup plus compliqué ». Et puis « c’est deux politiques différentes, moi je m’occupe du social, de l’intégration, pas de l’aspect répressif ». Beau coup de pied en touche...

Et encore… la galère continue !

Aujourd’hui, de nombreuses familles, notamment celles envoyées dans le Sud du département, ont quitté les logements d’urgence. L’auberge de jeunesse accueille 56 Roms, la maternité, 40. Ces deux réquisitions ont été prolongées par la préfecture jusqu’au 1er février pour l’auberge de jeunesse et jusqu’au 15 pour la maternité. Lors d’une conférence sur l’hébergement d’urgence le 16 janvier, le préfet Canépa annonçait que tous les Roms logés dans ces deux lieus seraient relogés. Il parlait alors de cent places qui pourraient être ouvertes à Lille, Fâches-Thumesnil et Lys-les-Lanno. Mais ces cent places se sont réduites des trois quarts pour atteindre vingt cinq places7 ! Des conditions insalubres, des manques de conditions d’hygiène, un désaccord entre la préfecture et la mairie de Lille en sont les raisons8.Parmi ces 96 Roms hébergés depuis décembre, 23 retourneront en Roumanie par le retour volontaire, une trentaine pourrait être logés dans la métropole lilloise et les autres ont des grandes chances d’être envoyés dans le Sud du département. Vingt cinq places disponibles… pour huit cents Roms en galère sur la métropole !

Pour finir, la préfète ajoute « on ne souhaite pas créer un appel d’air ». C’est qu’il ne faudrait pas leur offrir le pain et le logis à ces Roms, histoire que leurs semblables qui se tâtent encore pour quitter le racisme et la misère roumaine, ne rappliquent pas par ici. Retour ligne automatique
Ne reste que les différentes formes de solidarité ici et là, pour permettre à ce peuple opprimé de venir chercher un peu d’espoir par chez nous...

Zguene et S.GRetour ligne automatique
J.R photo : www.contre-faits.org

1 : Il serait une cinquantaine dans le Denaisis et le Valenciennois, une quarantaine dans le Cambraisis, deux cents dans le Dunkerquois, un nombre encore inconnu dans le Douaisis.e.

2 : 25 sur Valenciennes, 25 sur Lille, selon Klein

3 : Association Fraternité Engagement Justice Insertion. Nous les avons contacté mais ils ne peuvent communiquer sur leur mission.

4 : Opérateur européen de transport et de logistique

5 : Dispositif renforcé cette année pendant la trêve hivernale (nov-mars) avec 446 places supplémentaires, dont 250 à Lille.

6 : voir photo

7 : disponibles dans des locaux de l’armée, rue du magasin à Lille selon la Voix du Nord du 30/01/2008

8 : La mairie de Lille demande que toutes les communes soient concernées plus équitablement par les logements d’urgence, elle s’oppose alors à la réquisition de l’ancien hôpital Saint Antoine.