Médias Libres, le catalogue !

JPEG - 149.3 koInitiées en 2008 par radio Canut, Rebellyon, Indymedia Grenoble et quelques autres, les rencontres Médias Libres ont cette année donné naissance (entre autres projets) à un catalogue. L’occasion de feuilleter la diversité de ces expressions libres, rageuses et de découvrir quelques feuilles de choux, sites ou radios. A diffuser autour de vous pour que ces alternatives et critiques en acte de la presse dominante se propagent !

 

Ouvrez grands les yeux et les oreilles, et oubliez les cra­pu­les de TF1, les réacs du Figaro ou les publi­ci­tai­res de Libé  ! Car, dans chaque ville, dans chaque région, des jour­naux, radios, mai­sons d’édition et sites web dif­fu­sent autre chose que la soupe libé­rale, people et sécu­ri­taire. Nous, médias libres d’infor­ma­tion comme de contre-infor­ma­tion, indé­pen­dants économiquement, déve­lop­pons des points de vue aigui­sés et sub­ver­sifs sur le monde et les luttes socia­les.

À quoi tient notre exis­tence ? Des bouts de ficelle par-ci, des coups de main par là, beau­coup d’huile de coude et très peu d’oseille… Ce cata­lo­gue est donc une invi­ta­tion à nous décou­vrir, nous lire, nous cli­quer, nous dif­fu­ser, nous écouter… ou nous imiter !

Nos médias libres sont divers et diver­gents. Mais nous sommes soli­dai­res. Nous avons décidé, lors des ren­contres de sep­tem­bre 2011 à Forcalquier, de sou­te­nir toute démar­che de pro­duc­tion d’infor­ma­tion auto­nome, col­lec­tive et mili­tante. Nous refu­sons de répon­dre aux stan­dards du com­merce et de l’indus­trie pour par­ta­ger des idées. Et nous vou­lons les par­ta­ger le plus lar­ge­ment pos­si­ble.

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Vous pouvez télécharger le catalogue en cliquant ici.

Les coups foireux de Presstalis

Ha, la Résistance. Le pla­teau des Glières. Guy Moquet. Son Conseil natio­nal (CNR) qui pro­met­tait « liberté de la la presse, son hon­neur, et son indé­pen­dance à l’égard de l’État, des puis­san­ces d’argent et des influen­ces étrangères ». Ces atten­tes bien légi­ti­mes se sont par­tiel­le­ment concré­ti­sées en 1947 par le vote de la loi Bichet qui garan­tis­sait aux titres de presse une dif­fu­sion natio­nale, équitable et soli­daire au sein d’un sys­tème coo­pé­ra­tif.

Au musée, toutes ces vieille­ries ! Fin 2010, en lou­cedé, Presstalis (ex-NMPP, l’une des deux socié­tés de dif­fu­sion de presse) a sérieu­se­ment écorné le sys­tème de péréqua­tion des coûts de dis­tri­bu­tion dont pro­fi­taient les titres d’infor­ma­tion poli­ti­que : les ventes des jour­naux à faible tirage payent à peine leur seule impres­sion. Finies les peti­tes exo­né­ra­tions, la dif­fu­sion incondi­tion­nelle, et — hon­teux pri­vi­lège — la logi­que de redis­tri­bu­tion qui obli­geait la presse à gros tirage à sou­te­nir indi­rec­te­ment nos canards. Presstalis — qui, depuis juillet 2011, est com­posé de deux coo­pé­ra­ti­ves : une pour les maga­zi­nes, l’autre pour les quo­ti­diens — mise aussi sur des char­­ret­tes de licen­cie­ment (225 en décem­bre 2010, la suite au pro­chain épisode) pour équilibrer son défi­cit chro­ni­que, d’où les grèves à répé­ti­tion des ouvriers du syn­di­cat du Livre. Les kios­quiers n’ont qu’à bien se tenir pour sur­na­ger dans ce marasme : la fer­me­ture des points de vente est expo­nen­tielle.

Bien des jour­naux, revues, livres et objets bis­cor­nus se répan­dent déjà au prix de bidouilles et d’arpen­ta­ges de pavés, pour le plai­sir d’être auto­nome ou par néces­sité (Afrique 21, Blabla, Le Postillon, Promedios, Timult, l’éditeur Le Monde à l’envers). L’auto-dif­fu­sion pour­rait bien­tôt deve­nir la seule option pos­si­ble pour par­ta­ger et rendre visi­bles nos pro­duc­tions. Mais nous, on veut pou­voir choi­sir !


Des libraires sur le marché…

Pour par­ve­nir entre vos mains, cer­tains d’entre nous (Z, Tahin Party) s’en remet­tent au cir­cuit de dif­fu­sion du livre. Un vrai champ de bataille : les gran­des sur­fa­ces veu­lent du chif­fre, gri­gno­tées par les socié­tés de vente sur Internet. Le livre numé­ri­que ren­for­cera encore ces méga­struc­tu­res capi­ta­lis­tes qui font du livre un objet de consom­ma­tion cultu­relle, plutôt qu’un voyage ou un lien entre les gens et les idées. Les grands grou­pes de l’édition — dont cer­tains appar­tien­nent à des mar­chands d’armes — règnent pres­que sans par­tage sur le marché du livre. Mais il existe aussi des éditeurs et librai­res indé­pen­dants, des impri­meurs mili­tants, qui fabri­quent des bou­quins en papier, qui se bat­tent pour que des livres dif­fé­rents exis­tent, où l’esprit cri­ti­que et le ren­ver­se­ment de ce vieux monde ont toute leur place.

Les ondes sous les bombes

Ah, la Résistance. Radio Londres (« Les Français par­lent aux Français »). Les postes à galène. Après la guerre, les ondes ont pour­tant été bien ver­rouillées par l’ORTF. En 1981, quand il a libé­ra­lisé la bande FM, François Mitterrand ne s’inquié­tait pas outre mesure de la liberté de parole des radios asso­cia­ti­ves, cer­tain que l’argent y met­trait bon ordre. Trente ans après, le cynisme pré­si­den­tiel s’est véri­fié, et le cons­tat est sans appel : la bande FM est tenue et occu­pée par des radios com­mer­cia­les ou d’État. Il y a peu de fré­quen­ces de liberté, de dis­si­dence. Y en a pas une sur cent. Et pour­tant elles exis­tent, les radios libres ! Espaces de ren­contres, de réflexions, relais de luttes en cours ou pas­sées, elles sont un vec­teur d’infor­ma­tion sin­gu­lier (Radio Canut à Lyon, Radio Zinzine en Provence). Elles per­met­tent d’écouter d’autres musi­ques, d’autres créa­tions sono­res que la soupe com­mer­ciale, stan­dar­di­sée et répé­ti­tive que l’on entend des FM com­mer­cia­les aux super­mar­chés.

Et elles s’inquiè­tent, ces radios, de la pro­gres­sion du projet de Radio numé­ri­que ter­res­tre (RNT), qui son­ne­rait le glas de la bande FM et de l’auto­no­mie de dif­fu­sion des radios libres.


Le net dans le viseur

Internet n’est pas à l’abri des cen­seurs et des mar­chands. Des dis­si­dents (Indymedia, son­sen­lutte.net, Rebellyon) squat­tent la toile pour dif­fu­ser une info plus réac­tive, col­lec­tive et ouverte, pro­pa­ger l’actua­lité des luttes en cours et en archi­ver la mémoire. Plusieurs d’entre eux ont été pour­sui­vis ou mena­cés de l’être, et les lois répres­si­ves comme Hadopi s’en pren­nent à ce nou­veau ter­rain de lutte. Qui a dit qu’Internet était une zone de non-droit ? Qu’on se ras­sure : le droit triom­phe ici aussi, et c’est tou­jours le pou­voir qui le rédige.
Nous resterons en zone libre !

Ce cata­lo­gue est un pas pour relier celles et ceux qui veu­lent pro­pa­ger leurs pro­pres infos, pen­sées et cri­ti­ques révol­tées et uto­pis­tes, en butte à ce monde de domi­na­tion et d’oppres­sion.