Lille Sud un quartier plombé de longue date

plomb lille sudDepuis plus d’un siècle une partie de Lille Sud est contaminée par une pollution industrielle au plomb. Fait de l’entreprise TUDOR Inc., devenue CEAC, puis Exide Technologies, qui fabrique toutes sortes de batteries. C’est en rejetant des poussières chargées de plomb par ses cheminées que l’usine contamine l’air et les sols, et ce dès 1901. À l’époque l’exploitation du plomb est alors plus rude qu’aujourd’hui : aucune réglementation n’existe pour protéger les travailleurs, les riverain-es, encore moins l’environnement. Cette exploitation sauvage a infesté les sols du quartier.

Pire du pire, des HLM y ont été implantées et Lille-Sud est devenu ce vaste quartier populaire où les pauvres s’entassent. Pendant des décennies, les terrains se sont gorgés de plomb. Parcs, jardins privés, publics, terre-pleins sont infectés à différents niveaux. Si les rejets atmosphériques n’ont plus rien à voir avec ceux d’autrefois, ils se poursuivent de nos jours à hauteur « des normes » en vigueur. Mais peut-on décemment définir des « normes de pollution » pour des éléments aussi dangereux que le plomb ? Peut-on laisser des habitations à proximité alors que les retombées de poussières ne cesseront pas tant que l’usine tournera ? Tous les outils mis en place pour contrôler cette pollution ont pour but de la minimiser. Jamais de la stopper. Ces « normes environnementales » et ces seuils, apparaissent comme un alibi pour de l’empoisonnement légal, réglementé, encadré, dissimulé.

Si la vision d’une Lille « culturelle », commerciale et touristique s’impose, comme celle d’un Vieux-Lille richard avec ces vitrines luxueuses, on connaît moins les quartiers périphériques comme Lille Sud. Sa géographie de relégation sociale - derrière le périph’ ; son commissariat central – un des plus gros d’Europe ; son épicerie pour les pauvres – à base de produits périmés ; son Faubourg des modes – un délire politicien de plus qui tourne au fiasco... Quand il s’agit de mettre un terme à la pollution de l’air, des sols, et des eaux de Lille-Sud ? C’est plus délicat. On peut parier que si l’usine avait été située à Marcq-en-Baroeul ou à Mouvaux, dans les quartiers bourgeois près des fils et filles de « bonnes familles », elle serait déjà fermée depuis belle lurette.

Une étude « imprégnation des enfants par le plomb 2002-2005 » montre pourtant l’étendue de l’activité polluante de l’usine. Elle restera confidentielle car le comité de pilotage décide d’étouffer l’affaire pour tenir à l’écart les médias et le public. Et pour cause : 1500 enfants sont scolarisés dans le secteur de l’usine. Ils sont plus vulnérables au plomb, qui, en se fixant dans le sang génère des troubles physiques et cognitifs importants. Chez l’adulte, en fonction de l’exposition, les troubles sont réversibles ou non. C’est la loterie qu’impose l’entreprise à ses ouvriers, aux gens du quartier. Mais le plomb reste toxique, peu importe sa concentration.

Aujourd’hui, en apparence, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes industrialisé. La pollution est invisible. Le Grand Projet Urbain emmené par Lille Métropole (LMCU) construit les HLM de demain à cent mètres de l’usine. Exide assure son auto-évaluation et communique elle-même auprès des habitant-es, offrant un cadre d’objectivité et de transparence sans faille... La mairie de Lille joue un double jeu : elle demande la fermeture du site en 2008, et feint d’en défendre les emplois en 2009. Elle refuse de s’exprimer sur le dossier. Des bruits de couloir disent qu’elle veut sauver la face en terme d’emplois, mais se retrouve prise en tenaille par les retombées politiques du dossier et une possible fermeture de l’usine avant qu’elle n’ait payé pour la dépollution. Rassurez-vous pour la conscience des « socialistes » lillois, ils sont habitués à avoir le cul entre deux chaises. Inquiétez-vous pour votre santé, ils choisissent souvent la mauvaise... A Lille, ils ont préféré l’emploi et les profits de certains contre notre santé.

L’histoire d’Exide n’est pas une exception. Si nous choisissons d’en parler, c’est que nous sommes des habitant-es de Lille Sud. Nous sommes conscient-es que ce n’est qu’un dossier parmi d’autres. Et plus de mille sites industriels ont été listé sur le territoire lillois.. Cette enquête n’est donc pas un scoop, ni un scandale : c’est juste le quotidien que nous impose l’industrie partout dans nos régions. Et bien sûr à la fin, ce sont encore les pauvres trinquent.

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