Edito N°08 - Bienvenue chez les ch'tis ?

numero0868 c’est fini ! Et pourquoi pas juin 2008 ?

Ce son… ça vient de loin, tu l’entends ? C’est la cadence de nos vies étriquées… « Donnez nous du travail ! » qu’on gueulait, tu te souviens ? « On veut de l’argent ! On a rien pour manger ! »…

Juin 2008… Ne serions-nous pas en train de ployer langoureusement, de se laisser écraser, fatalement, sous le poids d’une mémoire commune depuis longtemps consommée, achetée, vendue ? Nous voilà comme des vaches, à paître dans un même champ médicamenté, celui de 68 ! Utilisé comme un produit médiatique, 68 en 2008 c’est encore moins passionnant qu’une collec’ Panini !.... Ah ! Ce que c’était bien l’époque où l’on extirpait les pavés, où l’on bloquait le pays, où l’on scandait : « l’émancipation des femmes sera l’œuvre des femmes elles-mêmes », « nous sommes tous des juifs allemands ! » ; et où, pour la dernière fois de l’histoire, de réelles barricades furent dressées à Paris… Ces dernières semaines, nous avons été forcés de consommer du 68 par paquets de douze, comme s’il s’agissait de faire baisser la consommation en xanax des Français. Eh oui ! Car Mai 68 est une manière nostalgique de croire au progrès, une façon de capter et d’apaiser l’ « a-tension ». C’est tellement mieux finalement de consacrer nombre d’émissions, d’articles, de unes, de publications spéciales, de festivals, de commémorations en tout genre à une sorte de vieux souvenir malléable à souhait, que de parler consciencieusement d’une page troublante de notre histoire, celle de notre présent, juin 20081.

C’est quoi le progrès ? Bientôt on pourra même entendre que les canards sans pitié comme La Brique sont conservateurs ! Certains penseront que La Brique est un journal de privilégiés, que ces feuilles ne pourraient pas exister dans un autre pays… Foutaises ! Ecrire un journal sans pub et sans révérence fait partie de ces acquis que nos drôles de dirigeants s’obstinent à transformer en « charges » inutiles. Pourtant, nos observations, inutiles pour certains, dévoilent une autre vérité, loin des « prime time » soixanthuitards, celle de notre époque, en tout point différente de 68 et de cette délicieuse drogue sociale que l’on injecte dans nos rêves d’utopistes… Ne nous trompons pas, ce que nous critiquons c’est la régression !

2008, et des personnes écervelées, des religieux-ses, implorent encore le ciel pour interdire l’avortement. 2008, et ceux que l’on appelait autrefois des fascistes ont aujourd’hui le droit de se réunir sous couvert de folklore. 2008, et ceux que l’on nous fait appeler « étrangers » subissent toujours l’effroyable machine autoritaire du « pays des droits de l’homme » [sic]. 2008, quand précarité rime avec croissance économique, alors que la majorité des Français-es devront bientôt travailler plus pour gagner moins ! Ah ! Ce que c’était bien 68 ! Malheureusement, 68 est fini, 68 sera toujours fini !

Ce son… ça vient de loin, tu l’entends ? C’est la cadence de nos vies étriquées… « Donnez nous du travail ! » qu’on gueulait, tu te souviens ? « On veut de l’argent ! On a rien pour manger ! »… C’était à Paris, pendant le printemps 1871. On nous appelait « les communards »…