Information préventive au placard

Après AZF, l’information et la diffusion des consignes de sécurité sont devenues obligatoires, pour les communes comme pour les industriels. à PC-Loos, on a le choix entre le néant et la pub.

Connaissez-vous l’usine Seveso « Produits chimiques de Loos » dont le périmètre de sécurité déborde sur Lille, Lomme, Sequedin ou Haubourdin ? Comme vous, on aurait aimé être informés. Et les mairies auraient du le faire d’après la loi (1). Mais à Lille, rien, ou si peu. Sur le site Internet de la mairie, un texte mentionne les sites Seveso PC Loos et Anios (laboratoire à Hellemmes, classé Seveso bas), mais rien de plus. En se déplaçant à la mairie, c’est tout autant laborieux : seul le dicrim est disponible, à condition d’en connaître l’existence et d’insister. Aucun affichage, aucune brochure.

Les aveux

Alors on s’est dit que l’affichage, les brochures ou les réunions d’informations, c’était sûrement dans les quartiers concernés ! Mais à la mairie de quartier de Faubourg de Béthune, l’agent ne connaît pas l’usine de Loos. Après renseignements, aucune brochure ou affiche n’est disponible, on nous renvoie vers la mairie de Loos. Même scénario à Bois Blancs... On a donc tenté de joindre le service de Mme Poliautre, en charge du dossier à la mairie : et bien non, rien n’est fait, aucune brochure sur les risques liés à l’usine de Loos, aucune réunion d’information. « C’est vrai on est en retard, ça n’a pas été fait et ça aurait du l’être » nous dit une salariée.

Mise au chlore

Un ancien ingénieur qui a travaillé pour la mairie de Lille sur le sujet est très énervé de n’avoir pu faire son boulot. A chaque fois qu’il présentait son plan de travail sur l’information aux habitants, Mme Poliautre lui répondait : « Moi, je ne suis qu’une simple élue, Monsieur, il faudrait qu’on commence d’abord par sensibiliser l’administration, on va aller voir M. X, M. Y ». Selon lui, « elle mélange tout, elle bâcle tout : pollution des sols, risques majeurs. (...) A la ville de Lille, ils s’en foutent. On part sur une logique que ça n’arrive qu’aux autres ». A son avis, « ils ont peur d’affoler les populations ». Surtout avant les municipales.

Rétentions d’informations

A Loos, d’après Jean-Luc de l’association « Ecoloos », la mairie est franchement réticente à mettre au courant la population : « Ils font dans le très discret, ils ne veulent pas qu’on communique là-dessus ». Par exemple, en 2003, lors de l’enquête publique, «  c’est l’enquêteur qui nous avait filé le dossier pendant sa pause du midi... pour dire qu’il était pas d’accord sur comment ça se passait ». Mais il nous faut malgré tout relever l’existence d’une brochure d’information à Loos…
A Haubourdin, le policier municipal spécialisé sur les risques a commandé la brochure (à la demande des habitant-e-s) pour la distribuer dans les principaux services. Par contre, à la mairie de Sequedin, la situation est grotesque. Au bureau de l’urbanisme, une salariée travaillant « depuis dix ans » à la mairie nous dit droit dans les yeux que la ville n’est pas située sur une zone à risque, qu’elle n’a jamais entendu parlé de ppi ou de dicrim : «  Quoi ? Le Lodicrim  ? Connais pas ». En effet ! Lorsqu’on insiste, elle retrouve tout de même la brochure de prévention. Elle nous salue en affirmant (sans convaincre) qu’elle en parlera au maire...

Dose publicitaire

Alors cette brochure, que contient-elle réellement ? En titre de ce document, obligatoire depuis azf, PC Loos prétend que « la chimie devient source de vie ». Pas question d’affoler le voisinage, il s’agit surtout de se faire de la pub. Les informations sur les risques sont donc diffusées à dose homéopathique au milieu de discours garantissant que l’usine œuvre pour « améliorer votre qualité de vie ». Au sein de la brochure, un petit livret : « votre guide de prévention ». Mais là encore, il faut d’abord lire trois pages sur les risques domestiques (comment bébé peut s’électrocuter, s’étrangler, s’ébouillanter…) pour dénicher enfin les mesures de sécurité à suivre en cas « d’alerte déclenchée par le site industriel » (et non « accident industriel », faudrait pas dire de grossièreté).
Heureusement, une association a fait le boulot de l’usine et des élus : en 2003, un journal spécial sur PC Loos2 a été diffusé à des milliers d’exemplaires dans la ville, pour informer des risques potentiels qu’encourent loossois et loossoises.

1 : Code de l’Environnement, « droit à l’information sur les risques majeurs », articles R125-11 à R125-14.

2 : Journal sur www.ecoloos.free.fr