Quand Toyota inspire le Furet du Nord

À l’image d’un Darcos qui promet 500 euros à tout prof effectuant trois heures sup’ hebdomadaires, mais en plus crevard, la nouvelle direction du Furet teste ses techniques de management salarial. Le nom de code de cette arme fatale : la BIF, comprenez la « bonne idée furet ». L’agent du capital : Jean-Marc Lecerf.

 

Septembre 2008, l’opération est lancée auprès des 330 salarié.es. Son origine ? La mise en place d’un « groupe de projet sur la gestion des Bonnes idées au Furet du Nord [1]. Le but ? Trouver LA bonne idée qui « améliorerait la rentabilité et l’organisation » du magasin. Dans son édito, Jean-Marc Lecerf, DRH et ancien chef de rayon à Auchan, annonce la récompense trébuchante : de 200 à 500 euros pour les trois gagnant.es « qui monteront sur le podium ».
Parce qu’il faut départager les participant.es, le sifflet sera tenu par un Comité d’Évaluation qui jugera sur des critères objectifs : « gain net, satisfaction des clients, fiabilité des processus, respect de l’environnement, risques d’accident, simplicité et rapidité de mise en oeuvre ». Plus loin, la plume du DRH devient carrément lyrique pour en appeler au «  partage,[au] professionalisme, [au] respect et [à] la passion ».
La méthode n’est certes pas nouvelle (Toyota et Taiichi Ohno furent les pionniers de ce type d’opération), mais bien organisée : pour communiquer, chaque salarié.e reçoit un dépliant dans lequel le « parcours d’une bonne idée furet » est détaillé. Très vite, il est signifié qu’une idée enregistrée appartient au magasin. Bien sûr, sans perdre le but ultime de la BIF : «  augmenter [le] chiffre d’affaire, [la] marge commerciale et réduire [les] frais. »
Les perdant.es recevront une lettre du Comité d’Évaluation quand les gagnant.es pourront exposer leur projet. Tiens, en parlant de com’, on oublierait presque de vous dire que ces idées doivent être « facilitateurs de travail » et ne « jamais [être] des revendications ni des tribunes [...] ! » On n’y aurait pas pensé...
Au Furet, face à la crise, on a la solution : travailler plus pour que dalle ! Alors allons-y de notre petite proposition : les salarié.es ne devraient-ils pas organiser leur propre licenciement pour améliorer la rentabilité du hard discount multimédia du Nord ?


C.G

Notes

[1 »Le Fureteur, septembre 2008. Magazine interne des salarié.es. en mai 2008