La mare aux crevard.es - Episode 3

bertrandchasseBertrand à la chasse aux écolos

Xavier Bertrand, président de droite – il a rendu sa carte LR – de la Région Hauts-de-France, soigne les chasseurs. En effet, Reporterre indique que l’ex-pharmacien « a réduit drastiquement les subventions aux associations écologistes locales ». C'est que, durant la campagne des régionales, Bertrand a reçu le soutien du parti Chasse, pêche, nature et traditions. Pour les remercier, Bertrand a nommé Guy Harlé d’Ophove, ancien frontiste, président actuel de la Fédération des chasseurs de l'Oise, à la tête de la commission en charge de l'environnement à la Région.

En avril, ce dernier déclarait : « Ma première action a été de demander sur quels critères les 12 millions d’euros étaient versés aux organisations écologiques. Je puis vous assurer que tout cela va changer et que plus jamais nous ne subventionnerons les associations qui veulent la disparition de la chasse et des chasseurs. ».

Pour lutter contre la suppression des subventions et d’éventuels emplois, le collectif Vent d'Assos' Hauts-de-France s'est constitué, et a pris d'assaut à plusieurs reprises le conseil régional à Lille. En espérant que les chasseurs battent en retraite.

 

Eric Besson se sent bien partout

Après son départ des Républicains, Xavier Bertrand n'est pas resté inactif. Se préparant aux futures échéances électorales, il a créé l'association « La Manufacture ». Après les revirements successifs dans son parti historique, Bertrand n'a rien trouvé de mieux que d'accueillir le retourneur de veste en chef, Eric Besson. Cet ancien socialiste, qui avait quitté la campagne de Ségolène Royal en 2007 avant de rejoindre Nicolas Sarkozy, était devenu ministre de l'identité nationale et des reconduites à la frontière. À croire que Bertrand a du mal à recruter...

Tremble, Ruffin, les transpartisans sont en marche

La maire UDI d'Amiens, Brigitte Fouré, craint François Ruffin et_la France insoumise. Pour éviter une déconfiture, la maire souhaite une liste fourre-tout des libéraux : UDI, LR, LREM. Elle déclare ainsi à 20 Minutes : « Une équipe municipale a une ou plusieurs étiquettes, ses projets sont transpartisans. Ça paraît logique d’envisager une alliance avec En marche ». Avec le FN aussi ?

Vicot, un frondeur très à droite

Roger Vicot, maire PS de Lomme, n'est pas franchement connu pour son positionnement à la gauche du PS. Pour preuve, sa réaction face aux installations de gens du voyage à Lomme : « J’ai des gens du voyage partout. C’est insupportable ! La population en a ras-le-bol et moi aussi ! » Le 6 mai, Roger Vicot va jusqu’à publier sur son compte Facebook un appel « à manifester devant la préfecture de Lille ». L'objectif ? Réclamer des « moyens exceptionnels pour Lomme : une force de police en mesure d'intervenir rapidement à la moindre installation ». Et l'autorisation d'un juge, on s'en passe ? Nous, on appellerait bien à manifester contre ce genre d’initiatives puantes !

À Liévin, les socialistes n'ont plus de repères

Laurent Duporge, le maire socialiste de Liévin – la ville du fameux Jean-Pierre Kucheida – poursuit la mise au musée des valeurs de gauche. Alors qu'une filiale de la Caisse des dépôts – intermédiaire public des privatisations d'entreprises d'État – souhaite transformer un hôtel Formule 1 pour y loger des demandeurs d'asile et des sans-abris, Laurent Duporge s'y oppose. Après avoir perdu en première instance, une nouvelle procédure est en cours. Pour son opposant écolo, Daniel Ludwikowski, « Laurent Duporge court après les voix du Front National ». Un de plus au PS !

Aubry, entre pétanque et journalisme

Le 10 mai dernier, plusieurs briqueux.ses participent à la fameuse Waz’ pétanque cup. Ce tournoi de pétanque où bière et pastis rendent les parties imprévisibles, réunit au Barnum des Postes quelques centaines de personnes – électeurs et électrices - chaque année. Pas étonnant donc d’y croiser le député Adrien Quatennens de la FI et Martine Aubry, maire PS de Lille.

L’occasion était trop belle pour ne pas demander son avis à la maire de Lille sur l’article qui lui était consacré dans le numéro 54. Il concernait l’expulsion illégale d’un camp de Roms, où la famille concernée a eu gain de cause.

Voici la teneur de cet échange :
La Brique : « Madame Aubry, qu’avez-vous pensé de notre article ?
Martine Aubry : De quel article parlez-vous ?
LB : Celui que nous avons publié dans La Brique, dans lequel nous revenons sur l’expulsion d’un camp de Roms ?
MA : Je ne lis pas La Brique. Je ne lis que les faits réels.
LB : Comment vous le savez qu’il n’y a pas de « faits réels » si vous ne lisez pas La Brique ?
MA : On sait.
LB : C’est un peu comme le livre de François Hollande, vous le commentez sans l’avoir lu ?
MA : J’ai lu les pages qui me concernaient, quand même.
LB : Et sur l’expulsion du camp de Roms ?
MA : On n’a pas expulsé de camp de Roms.
LB : Si, la famille a d’ailleurs eu gain de cause.
MA : Ah je croyais que vous parliez des Roms qui agressent des gens à la citadelle. Sur cette affaire de la famille expulsée, c’est la préfecture qui a été condamnée, pas moi. J’ai assumé la décision prise, mais je ne l’ai pas prise. Mais j’assume. »

Ou comment noyer le pastis.

Kanner dans une faille spatio-temporelle

En parlant des politiques qui se déguisent en gauchiste, Patrick Kanner, l'ancien président PS du Conseil général du Nord est dans les starting-blocks pour reprendre la mairie de Lille à Martine Aubry. Mais il semble toujours souffrir de troubles de la mémoire. Après avoir approuvé les politiques redistributives à destination des plus riches lorsqu'il était ministre de François Hollande, il commente ainsi les politiques d'Emmanuel Macron :

« Il est le président des SDF, des Sans Difficultés Financières. Il doit comprendre que la richesse doit être plus justement répartie. Beaucoup de nos concitoyens ont des miettes et on va leur enlever ces miettes. Alors que d’autres vont bénéficier de largesses. »

À croire que Kanner a vécu le mandat de François Hollande depuis un monde parallèle. Mais fort heureusement, ayant par moment des éclairs de lucidité, Patrick Kanner explique la situation du PS : « Nous sommes en voie presque de rétablissement (sic), mais la convalescence, nous le savons, sera longue ». Oui, très longue.

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Delbar identitaire

Avant 2018, la ville de Roubaix versait chaque année 716 euros à la Ligue des droits de l'homme (LDH) de Roubaix. En 2018, c'est fini, le maire Guillaume Delbar estime que la ville n'a « pas vocation à financer des associations qui font du militantisme politique ». La Voix du Nord (VDN) va plus loin, indiquant que « la municipalité la juge trop militante ». Quoi ? La LDH serait une association militante ?!

Le responsable local de la LDH, George Voix, dénonce une « décision mesquine et idiote », « une sanction » à l'égard de la LDH pour avoir obtenu « l'annulation de deux arrêtés anti-rassemblement et anti-mendicité » signés par Guillaume Delbar. George Voix poursuit : « J’ai interrogé le maire, qui m’a dit qu’il ne voulait pas financer une association qui conteste ses arrêtés ». Uniquement des associations qui ne le rembarrent pas ?

Tête de Pont

Le député marcheur du Pas-de-Calais Jean-Pierre Pont sait se faire alarmiste. Pour montrer son opposition aux cheminot.es grévistes, le député n'a rien trouvé de mieux que « d'inviter les syndicalistes à faire preuve de sens national en suspendant immédiatement les projets de grève à répétition ». La raison ? « Les jours de grève, dans les rares trains bondés qui circulent, les salariés se rendant à leur travail et les voyageurs risquent malheureusement de constituer des cibles idéales pour les terroristes islamistes ».

Il poursuit : « les syndicats et particulièrement la CGT prendraient une responsabilité dangereuse, voire criminelle. » On dirait bien que Pont s’inspire de Franz-Olivier Giesbert, qui déclarait en juin 2016 : « La France est soumise aujourd'hui à deux menaces qui, pour être différentes, n'en mettent pas moins en péril son intégrité : Daesh et la CGT ». Pas mieux.

Chenu démasqué

À Denain, le 15 mars dernier, lors d'une manifestation organisée pour défendre les ouvrier.es de la métallurgie, le pouvoir d'achat des retraité.es et les EPHAD, le frontiste Sébastien Chenu a tenté de se faire passer pour un mec de gauche. Pas dupes, les camarades l'ont hué et l'ont éloigné de la manifestation. Il s'attendait à quoi ? À recevoir des applaudissements ?

Sans doute mécontent de s’être fait ainsi dégager, Chenu a décidé de porter plainte contre trois militants CGT, qui l'auraient, selon lui, « violemment agressé ». Un militant de la CGT se défend : « Ce n'est pas nous qui avons troublé l'ordre public. On n'a pas invité ce monsieur, on lui a demandé gentiment de s'en aller, le reste on n'a pas compris... [...] On n'a pas violenté ce monsieur. » Pour Chenu, le déguisement de gaucho n'a pas fait illusion. Il a pensé à la moustache ?

Fusillier pris pour cible

L'ancien directeur de Lille 3000 et Monsieur Culture de Martine Aubry, Didier Fusillier vient de se faire épingler, à nouveau, pour ses rémunérations. En 2015, Le Canard Enchaîné avait déjà révélé le salaire du nouveau président de la Grande Halle de La Villette : 162 000 euros bruts par an (soit 50% de plus que son prédécesseur), tout en touchant un salaire de 3 912 euros par mois au titre de conseiller artistique de Lille 3000. Soit 14 000 euros nets par mois.

Mais ce n'est pas tout : on apprend aussi qu'entre juin 2014 et mai 2015, Didier Fusillier touchait 62 000 euros nets... pour un tiers-temps à la scène nationale le Manège de Maubeuge. On passe ainsi à près de 20 000 euros nets par mois. Pour se justifier, Didier Fusillier a répondu à la Cour régionale des comptes « qu'il ne s'agissait pas d'un souhait personnel ». Rémunéré à l'insu de son plein gré ?

Le PS en PLS

Le PS n'en finit plus de mourir. Le 15 mars dernier, lors de l'élection d'Olivier Faure au poste de premier secrétaire du parti, les militant.es du PS étaient invité.es aux urnes. Résultat des comptes, au bureau de vote de la Fédération PS du Nord, on compte une quarantaine de votant.es, contre plusieurs milliers au début des années 2000.

Lucide, l'adjointe au logement et cadre chez Vilogia, Audrey Linkenheld – qui était députée jusqu’aux dernières législatives – déclare à 20 Minutes : « On en a perdu beaucoup, c’est vrai. On est comme le LOSC. Il y avait plus de monde pour les soutenir quand ils étaient champions que maintenant. » Pour avoir une idée plus précise des effectifs du PS dans le Nord, la réélection de Martine Filleul à la tête de la fédération socialiste du Nord a réuni 2 200 votant.es le 30 mars. Le PS a-t-il devancé le LOSC dans sa marche vers la relégation ?

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Bouchart meilleure maire de l'univers

Le groupe Rossel (propriétaire de Nord Littoral et de la VDN) prend un malin plaisir à faire la promotion de la maire LR de Calais, Natacha Bouchart. Dans un article du 17 mars, Nord Littoral dresse un portrait dithyrambique sur ses dix ans à la tête de la ville de Calais. Le journal lui laisse la parole, à Bouchart, qui « tire satisfaction de ses dix ans à la tête de la ville ». Elle aurait « réalisé au sein du centre communal d’action sociale un véritable projet social pour pouvoir accompagner les plus fragiles », claironne-t-elle, tout en balayant vers l'État ses responsabilités sur la question migratoire – vous remarquerez la contradiction.

On croirait presque que les quotidiens locaux font campagne pour l'édile en vue du « concours de la meilleure maire du monde », au même titre que Martine Aubry. Selon les responsables de ce concours, l'association philanthropique londonienne « City mayors Foundation », il s'agit de valoriser « l'action des maires (de villes de toute taille) qui servent avec intégrité, détermination et imagination leur commune ». « Intégrité » dans ses valeurs humaines ? « Détermination » à chasser les exilé.es ? « Imagination » pour mettre en place sa politique migratoire ?

Le 24 mars, Nord Littoral explique la nomination de la maire de Calais : « En regardant les critères de sélection, on pourrait supposer que Natacha Bouchart se distingue notamment par son projet de rénovation du front de mer, son implication récente à Cannes au salon immobilier Mipim pour valoriser sa ville ou encore par ses voyages à l’étranger, notamment en Chine, pour trouver des investisseurs. » Et la question migratoire, c'est hors-concours ?

« Mais pourquoi tu pars, ça a l'air trop bien »

Le siège de la MEL est en vente. Damien Castelain cède une « pépite foncière au cœur d’Euralille ». Mais il a ses conditions, une « programmation mixte pouvant aller jusque 90 000 m² est attendue » et avec pour objectif d'« Assurer la transition entre le quartier Romarin apaisé de la Madeleine et la turbine tertiaire d'Euralille ». On se demande pourquoi le président de la communauté urbaine veut quitter cet écrin de verdure souriant, pittoresque et si larmoyant de beauté enivrante. Ah, on n'oubliera pas de vous dire que le bâtiment penche un peu « à droite ».

Les derniers des sarkozystes

Fin mars, Nicolas Sarkozy a été mis en examen pour « financement illicite de campagne électorale, corruption passive et recel de fonds publics libyens ». Amateurs et amatrices de causes perdues, les élu.es du Nord l'ont défendu bac et ongles, à commencer par Sébastien Huygues, député LR du Nord : « En 2012, [Serge Tournaire le juge d'instruction] avait signé une tribune contre Nicolas Sarkozy, et dans le dossier Bygmalion, il y avait trois magistrats et Monsieur Tournaire, contre les deux autres, avait à tout prix voulu mettre en examen Nicolas Sarkozy ».

Xavier Bertrand abonde dans le sens du député, ordonnant « qu'on arrête de taper sur les politiques matin, midi et soir ». Le président de la Région Hauts-de-France poursuit, notant que « depuis quelques jours, on n'entend qu'une version, celle de Ziad Takieddine et celle des hauts dignitaires du régime libyen ». A peine sorti de gardav', Sarkozy a fort heureusment pu clamer son innocence, bien installé au 20 heures de TF1. On espère qu'il saura remercier ses fidèles.

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