Ça craque de partout

Actu des luttes 1 illuMacron nous la fait à l'envers depuis son élection. Comme tous ceux qui ont été aux manettes ces dernières décennies. Et tout le monde y passe : étudiant.es, exilé.es, salarié.es, ouvrier.es, cheminot.es, soignant.es, retraité.es, sans-travail, etc. En multipliant les attaques, le meilleur représentant du MEDEF nous donne l'occasion de converger. Rejoignez les personnes en lutte dans les assemblées générales, les manifs, les piquets de grève et autres actions ! Voici un petit tour d'horizon (non exhaustif) des raisons du courroux et des mobilisé.es en lutte !

 

L'enseignement supérieur

La loi orientation et réussite des étudiants (O.R.E) suscite depuis le début de la méfiance, devenue colère au fil de son dévoilement. Les étudiant.es comme les enseignant.es-chercheur.es fustigent la loi, qui s'incarne dans la cauchemardesque plateforme Parcoursup, véritable mécanisme de sélection à l'entrée de l'université. Et torture morale pour les jeunes à la veille du bac. Ce projet fait l'unanimité contre lui. Et puisque mettre les étudiant.es en concurrence n’est pas assez, le projet organise la concurrence des universités entre elles, et facilite l’orientation des étudiant.es exclu.es du public vers le supérieur privé. Un cadeau qui rappelle celui fait par le gouvernement aux écoles maternelles privées. Enfin, la réforme ouvre la porte à une augmentation des frais d'inscription. Au final, on court vers un accroissement inévitable des inégalités sociales.

L'éducation nationale

On attendait les enseignant.es dans les mobilisations. Ils.elles y sont depuis février, pour le secondaire, mobilisé.es contre la réforme du bac. Sa nouvelle formule ne prévoit que quatre épreuves écrites et un « grand oral », qui pèseront 60% de la note finale de ce bac « à la carte ». De plus, les contractuel.les de l'éducation nationale réclament des moyens supplémentaires et dénoncent des classes surchargées, des sous-effectifs, des salaires de misère, des renouvellements incertains, la baisse du nombre de postes aux concours ou encore le recours aux services civiques pour boucher les trous. Bref, rien de nouveau sous le soleil.

La justice

Les juristes sont mobilisé.es contre l’automatisation des procédures pénales et civiles par des algorithmes, la restriction de l’accès à la justice pour les personnes les plus précaires et contre le développement, au civil, de procédures simplifiées par des médiateurs et conciliateurs. Cela constituerait, à terme, oh, trois fois rien : juste un démantèlement de la justice. Les juristes attaquent une réorganisation judiciaire illisible, une déshumanisation de la justice, la privatisation du contentieux civil ou encore la suppression du juge d'instruction et du juge de l'application des peines.

Carrefour

Le plan de la nouvelle direction de Carrefour a amené la suppression « stratégique » de 273 magasins en France, pour 2308 suppressions de postes. Les salarié.es sont mobilisées pour sauver leurs emplois, ainsi que pour conserver leurs primes de participation annuelles.

Les fonctions publiques

Les agent.es contestent la remise en cause de l'autonomie des collectivités locales, du fait d'une austérité budgétaire qui nuit aux politiques de redistribution (à l'instar du département, compétent pour le versement du RSA ou de l’Allocation adulte handicapé). De plus, certaines collectivités sont en restructuration permanente, impliquant une souffrance au travail, des suppressions de postes de fonctionnaires et un recours massif aux contractuel.les. On parle de 120 000 fonctionnaires sur la sellette.

Dans la santé et le social, les logiques marchandes ne cessent de se renforcer. On y observe un sous-effectif chronique, un recours aux contractuel.les, la pression sur les salarié.es et la mise en concurrence des individus et des services. L’État pense en termes de rendement et de performance, plutôt qu'aux patient.es et soignant.es. C'est tout un travail de démantèlement du système de santé français qui est en cours, ouvrant la porte au privé qui se goinfre déjà sur les maisons de retraites et les cliniques.

Cheminot.es

Petit rappel : tout a commencé par le rapport Spinetta, qui prévoit notamment la transformation de la SNCF en société anonyme, la mise en place de la concurrence sur le transport des voyageur.ses et les liaisons internationales, la fin programmée du statut de cheminot.e ou encore la suppression des petites lignes TER. Tout un programme. Inédite dans sa forme, la grève perlée a débuté le 3 avril dernier. Elle se poursuit et se poursuivra encore trois mois.

Les éboueur.ses

Chez les éboueurs, la CGT des transports et des services publics a lancé un appel à la grève pour réclamer la création d'un service public national des déchets et la prise en compte de la pénibilité de leurs tâches. Leurs revendications : la possibilité pour l'ensemble des salarié.es de lever le pied, avec un départ anticipé de cinq ans avec une retraite à taux plein pour toutes et tous, et de dix ans pour les métiers exposés à l'insalubrité et la pénibilité, ainsi qu'une réduction du temps de travail. Les mobilisé.es dénoncent par ailleurs les délégations de service public, qui provoquent un moins-disant social, une concurrence accrue et des conditions de travail qui se dégradent.

Actu des luttes 1 illu

Air France

Après six ans de plafonnage des salaires, les dix syndicats d'Air France réclament une augmentation de 5,1 % pour l'ensemble des salarié.es de l'entreprise. Vendredi 4 mai, 55,44% des employé.es d’Air France ont balancé par le hublot l’accord salarial proposé par la direction, entraînant dans sa chute Jean-Marc Janaillac, PDG de la compagnie. 

L'énergie

Les salarié.es de l'énergie réclament l'organisation d'un service public de l'électricité et du gaz. De plus, le syndicat FNME-CGT demande avant toute chose un bilan de la déréglementation du secteur de l'énergie. Parions qu'il y aurait des choses à dire… Elles et eux veulent la fin de la libéralisation du marché de l'électricité et du gaz et un statut de l'énergéticien pour l'ensemble des salarié.es qui travaillent dans ce secteur. À l'instar des cheminot.es, les électricien.nes et gazier.es ont annoncé trois mois de lutte, de début avril à fin juin.

La culture

Le secteur de la culture subit de plein fouet la baisse des subventions et une logique néolibérale qui pervertit le sens originel des projets artistiques. Pour les pouvoirs publics, la culture doit être au service du développement économique, à l'instar de ce que la ville de Lille met en place avec Lille 3000 et le Tri-postal.

Les usager.es des transports en commun 

La métropole de Lille augmente les tarifs des transports en commun, installe des portiques à 60 millions d'euros, tout en augmentant le nombre de contrôleur.ses et d'agent.es de sécurité. Contre cette politique agressive, les usager.es des transports en commun se mobilisent, réclamant à court terme l'arrêt de l'augmentation des tarifs, la gratuité des transports lors les des pics de pollution, pour les collégien.nes, lycéen.nes et étudiant.es, les précaires, et le retrait immédiat des portiques de « sécurité ». À long terme, elles et ils réclament la gratuité totale des transports et la mise sous régie publique de Transpole. Plus besoin de sauter.

La Poste

Les facteurs et factrices sont mobilisé.es contre les fermetures de plus en plus nombreuses de bureaux de poste, la précarisation constante du métier, la division accrue des tâches entre les métiers du tri et de la distribution, l'augmentation des cadences ou encore l'augmentation des « services » marchands à proposer. De plus, les itinéraires de distribution varient d'une journée sur l'autre ; les congés, les absences ou les congés définitifs ne sont plus remplacés. La boîte est pleine.

Les professionnel.les du désordre

Actu des luttes 2 illu

Zoé (étudiante)

« Les violences policières devant Lille 2 m'ont permis de prendre conscience de l'état de l'enseignement supérieur, ça m'a aidé à m'engager, le manque de moyens. J'ai d'ailleurs fait le choix de ne pas passer les partiels, j'ai écrit : "en grève" sur ma copie. J'ai fait les manifs, les AG, c'est 100 % de notre temps qu'on consacre à la mobilisation (…) Il faut dire aux étudiant.es que le budget dont dispose l'Université par rapport aux écoles, aux IUT, aux BTS, aux prépas, ce n'est rien. Il faut les faire réagir ! (…) Maintenant, je n'ai pas d'autre choix que de croire en la grève générale. »

Karo (étudiante)

« Si je me mobilise, personnellement, c'est plus largement pour les services publics. Je le dis clairement : ouvrez les yeux_! La France, c'est pas une entreprise. Quand je voyais les foules qui se levaient pour Macron, qui l'acclamaient, déjà je me disais : est-ce que les gens se rendent vraiment compte de sa vraie politique ? Nous, on a quand même de beaux acquis sociaux, je suis pour tout ça, pour ces services-là, je trouve que c'est important. C'est une force. J'ai pas envie qu'on y touche, c'est une fierté ! »

Charline, Emma, Léon (étudiant.es)

« On est étudiants, on vient en soutien aux cheminots, nous sommes aussi mobilisés contre la loi ORE (…) On cherche à faire reculer le gouvernement, à travers la grève, en montrant qu'on existe, qu'on est mobilisé (…) Pour nous, on n'a rien à attendre des syndicats, on n'a rien à attendre des gouvernants, mais des syndiqués, oui ! (…) Avec le rapport de force, la grève générale, les manifestations d'ampleur, le truc, c'est pas de négocier avec le gouvernement, mais de le faire plier ! (…) Faut faire des actions symboliques, déjà la création d'une tête de cortège par exemple, avec les EHPAD, les cheminots, les commerçants, les syndiqués ou pas, chasubles ou pas chasubles, cagoulés ou non. C'est ça l'image de la convergence (…) Les cheminots sont venus à Lille 2, on les retrouve ici devant la gare, on discute, on crée des liens, et je ne pense pas que les cheminots ne se battent que pour leur réforme, de la même façon que les étudiants ne se battent pas uniquement contre la sélection. »

Julien (ENEDIS)

« Je travaille chez Enedis depuis 7 ans, quand je suis arrivé… c'était pas le même on n'est plus vraiment du service public, mais une entreprise de service public, mais une entreprise de service public. On nous demande de remonter du cash. Aujourd'hui, Enedis remonte 600 millions d'euros par an à la maison mère EDF. Pour 2020, c'est 800 millions qu'ils attendent. On devrait faire ça, notre bilan devrait être zéro. Du coup, ça se traduit sur nos conditions de travail (…) Aujourd'hui, c'est la SNCF, demain ce sera ENEDIS, Air France, EDF, tout le service public. Si on ne se mobilise pas avec la SNCF, demain, c'est nous (…) Quand la SNCF sera privatisée, faudra voir l'état des voix ferroviaires dans quelques années. La qualité va se dégrader. »

Un retraité anonyme (CGT)

« Je suis là en tant que retraité, citoyen et usager des services publics. Je suis en rage quand la SNCF parle de "clients" (…) Aujourd'hui, on est ravagé par le marché, ça va du tribunal à la SNCF, en passant par l'hôpital (…) Le service public, c'est le bien de ceux qui n'ont rien. Et la manif, c'est un moment dans l'activité syndicale, c'est comme la température d'un mouvement social à un moment donné. Les syndicats, ils font ce qu'il fallait mais ils sont très faibles. Je suis syndiqué à la CGT, mais Martinez, c'est un guignol, c'est la société du spectacle dans laquelle veut nous traîner l'adversaire. »

David Chemin (SUD Cheminot)

« On est là pour défendre notre travail, c'est notre gagne-pain. Les gens sont de plus en plus en colère, que ce soit nous, l'EDF, les étudiants, les hospitaliers, il y a un manque de moyens partout… Ils veulent nous privatiser, nous mettre en concurrence (…) On va garder notre statut, mais pour combien de temps ? Les anciens se sont battus pour ça (…) A la SNCF, on est dans une entreprise où les cheminots sont dans la lutte, on est là en nombre pour amener les étudiants, les hospitaliers, les territoriaux. Eux, ils doivent se dire qu'on est là, qu'on les soutient (…) A Sud, on propose la grève reconductible depuis le début, les autres syndicats sont en grève perlée comme on dit. On espère qu'il va y avoir la convergence des luttes (…) J'aimerais que les gens soient conscients de ce qui se passe, que c'est de pire en pire partout. »

Joao (CGT – Fonction publique territoriale)

« On est venus, en tant qu'agents municipaux à la mairie de Lille, parce que la convergence des luttes, ça nous va bien. On est là pour la défense du statut des cheminots. On sait très bien que si le trophée du statut des cheminots finit sur le bureau de Macron, alors c'est la fin de tous les statuts, de tous les droits, de toutes les garanties du salariat français, que ce soit du public ou du privé. C'est pour ça qu'on est là, pour pas que les cheminots cèdent, on essaie de peser avec eux (…) Si un président veut marquer l'histoire, il faut s'attaquer aux cheminots en premier, un peu comme Thatcher l'avait fait sur le syndicat des mineurs : casser le statut des mineurs pour s'attaquer à l'ensemble des professions, des droits collectifs, des droits sociaux des salariés anglais (…) ça s'inscrit dans une logique de démantèlement total des droits des salariés acquis historiquement, et donner du pouvoir au patronat et aux prédateurs économiques. »

Fanny, Vanessa et Cécile (Santé)

« On est des EHPAD publics ! On est mobilisées parce qu'il y a un grand manque de soin pour nos personnes âgées. Sur 24_heures, une aide soignante ne passe qu'une demi-heure autour d'un résident. Ce n'est rien du tout pour s'occuper du petit-déj, de la toilette, des protections à changer, des repas à préparer, des couchers (…) Les résidents et les familles sont d'accord sur le fait qu'on se mobilise, de toute façon, ils voient bien qu'on n'est pas beaucoup présents autour d'eux, donc ils nous soutiennent (…) Quand on fait signer des pétitions pour les maisons de retraite, les gens, ils se posent pas de question, ils signent, ils se sentent concernés (…) L'hôpital et le personnel sont en train de mourir, on n'a plus d'offre de soin, on n'est plus en capacité de répondre à cette demande de soin (…) Au CHU de Lille, on le voit, c'est déjà 5-6 heures d'attente ! (…) On aspire à la grève générale. Comme là, ce matin, les cheminots sont venus nous soutenir, il y a aussi l'énergie… ça fait du bien d'être soutenu par d'autres (…) On est en train de détruire des services utiles à la population alors qu'on sait pertinemment que c'est une catastrophe, que ce soit pour les trains, pour l'énergie, pour la santé ! On, le sait parce que ça a été fait en Angleterre, par exemple. »

Damien et Coco (Facteurs)

« On est là pour soutenir les cheminots, ils sont directement visés par Macron et son gouvernement. Quand on parle du statut des cheminots, c'est quelque chose qui a été gagné. Ils ont les capacités pour se défendre, de se mettre en grève, et ils pensent aussi aussi aux générations futures (…) A la Poste, on se retrouve à ne plus pouvoir embaucher, à avoir des statuts précaires avec des charges de travail de plus en plus importantes. Les gouvernements successifs se sont attaqués à tous les salariés (…) En fin de compte si on n'est pas vigilant, si on ne se rend pas compte qu'on est dans le même bateau, malheureusement on est en train de couler (…) Nous on travaille, donc c'est nous qui produisons les richesses et qui permettons que cette richesse soit mise dans la spéculation. On veut défendre notre travail, que nos collègues soient embauchés, que des gens qui sont au chômage puissent être embauchés (…) Pour les cheminots, pour les postiers, mais aussi dans les Ehpad (…) Pour des personnes à la retraite, avec des pensions trop basses, en fin de compte, on se rend compte qu'on les envoie dans des mouroirs. Puis les étudiants, qui sont des travailleurs en devenir, les retraités qui sont des travailleurs du passé, dans le service public. Les hôpitaux aussi, se battent.

Propos recueillis par La Brique

Dessins par B.P

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