Matthieu, chapitre 7, verset… Ta gueule !

Bible en main, les prêcheurs tentent d’embrigader à longueur de journée. A nos portes, dans la rue… Logique en ces temps apocalyptiques de « Crise A ». Rencontre, un samedi après-midi, avec des témoins de Jéhovah. Mais attention, ceux-là, quand on les gifle, ils ne tendent pas l’autre joue…

 

Déambuler sous le soleil dans les rues lilloises est un plaisir à ne pas gâcher. Manque de bol, rue Charles Quint, deux prédicateurs me stoppent : « Monsieur, est-ce que vous pourriez nous donner votre avis… » L’un me désigne son opus biblique, un Mein Kampf de poche. Et moi de penser : « Hum, un débat, ici, avec ces fous… pourquoi pas. »

Le moine lit un passage de Matthieu : « Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux… » Et m’interroge : « Vous ne trouvez pas que si on faisait tous ça, il n’y aurait plus de discrimination ? » Silence… je me laisse aller à des pensées, de plages, de cocktails agrumes, d’herbe caraïbe… « Vous ne trouvez pas ?!

Euh oui… euh non ! [qu’est-ce que je dis ?!] Vous voulez savoir si je pense qu’en appliquant la Bible, y’aurait pas de discrimination, que de l’amour et tout ?... Mais ça va pas ! Vous auriez pu citer Paul aussi : « le mari est le chef de la femme » ! C’est quoi ça, pour vous ? »

Le moralisateur me fixe : « Ah mais tout à fait ! Le mari est le chef de la femme, parlons-en de ça… Tiens, vous voulez qu’on aille lui demander son avis ?

Bah… à qui ?

Mon épouse évidemment. Franchement... je vais vous expliquer… Le mari est le chef, ça veut dire qu’un mari doit sacrifier sa vie pour sauver sa femme… S’il y a une guerre, ça veut dire que le mari met sa vie en péril pour la protéger.

Ah bon... C’est drôle parce que je pensais qu’être le chef, ça permettait de donner des ordres, de dominer… Je crois qu’on dit aussi « faire preuve d’autorité ».

Non, c’est pas ça. [Il se rapproche, me crache des postillons puants, à moi, qui flippe de la grippe !] Le mari est le chef de la femme parce qu’il l’aime, et la femme l’aime car il est le chef... »

J’en peux plus, j’explose : « bande de nazes ! Je supporterai pas vos sales gueules et votre haleine pestilentielle une minute de plus ! Alors on bouge chacun de son côté, tranquillement… »

Les regards changent. Deviennent rouges, inquisiteurs. Montrent qu’ils ne me donneront pas l’autre joue… Un combat de rue ne me sera pas favorable. Je tourne finalement les talons.

Au loin, un écho me parviendra : « Moi aussi j’étais un anarchiste avant de rencontrer le Christ Notre Seigneur… »