La mare aux crevard.es épisode 2

Soutien à Darmanin, envers et entre couilles

darmanin mareGérald Darmanin, ministre du budget, vice-président à la Région, à la MEL et ancien maire de Tourcoing, est sous le coup de deux enquêtes. La première, pour suspicion de viol, a été récemment classée sans suite. Le parquet indique ainsi que « Les actes d'enquête réalisés n'ont pas permis d'établir l'absence de consentement de la plaignante et n'ont pas caractérisé davantage l'existence d'une contrainte, d'une menace, d'une surprise ou d'une quelconque violence à son endroit ». La seconde est en cours, en matière d'abus de faiblesse. Mediapart révèle ainsi qu'une femme aurait « fait l'objet de demandes à caractère sexuel en échange d'un nouveau logement » à Tourcoing.

Alors que Mediapart met le focus sur la victime, une série d'élu.es de tous bords (principalement des hommes) en profite pour apporter leur soutien au suspect Darmanin, faisant fi de la parole des femmes. À la manœuvre, Jean-René Lecerf, mais aussi Xavier Bertrand (président de Région), Guillaume Delbar (maire de Roubaix) ainsi que Frédéric Marchand et Gilles Pargneaux (ex-PS, aujourd'hui affiliés à La République en marche). Dans ce texte, ces derniers déclarent : « Nous, les élus du Nord, au-delà de nos différences partisanes, nous souhaitons apporter notre soutien à Gérald Darmanin pendant cette épreuve personnelle que nous devinons très pénible ». Et pour la victime présumée ?

S'agissant de la première plaignante, Lecerf va plus loin, dans sa réponse à Mediapart, il met en cause l'honneur de la plaignante, critiquant un article du Monde qui « Vous faisait traduire qu’on avait un homme de pouvoir qui utilisait tout le pouvoir qu’il avait pour faire souffrir une pauvre innocente dont la profession était quand même call-girl, et qui l’avait quand même suivi volontairement ». Il va plus loin : « Vous accompagneriez un homme dans un hôtel, vous êtes dans le même lit et vous l’accusez de viol ? »

Pour la deuxième plaignante, Lecerf n'en démord pas, il est suspicieux : « C'est extrêmement curieux, j’aimerais bien savoir qui l’a faite [la plainte] ! Elle habite où ? Elle l’a vu quel jour, à quelle heure ? » Tu veux aussi son numéro de portable et un historique de la vie de la dame JR ? Il va même jusqu'à parler de "complot" contre Darmanin. En tout, les élu.es sont une bonne centaine à signer cette pétition. En espérant que la justice prenne le parti pris inverse.

 

Le grand rassemblement de la « droite sociale »

La pétition de soutien à l'égard du ministre Darmanin n'a rien d'anodin. Depuis fin décembre, une coalition d'élu.s locaux affiliés à LR, LREM et à l'UDI soutient mordicus sa candidature pour les municipales de 2020, parmi eux... Jean-René Lecerf, l'initiateur de la pétition visant à soutenir Darmanin dans ses turpitudes sexuelles. Pour Lecerf, Darmanin est « le candidat le plus œcuménique » pour les municipales. Même Frédéric Marchand, ancien PS et nouveau marcheur, déclare ainsi à La Voix du Nord qu'on est à la « fin d'un cycle » à Lille, comprendre, Aubry a fait son temps. Il pousse ainsi à une « grande logique de rassemblement [...] et Darmanin trace sa route ». Il conclut : « Darmanin incarne une droite sociale ». Qui veut dire ? On dispense le paiement du bus aux exilé.es raccompagné.es à la frontière ?

Des élu.es précaires

Fin décembre, le gouvernement Philippe 1er a eu la bonne idée, sur proposition de Gérald Darmanin, ministre de la coupe budgétaire, de donner la possibilité aux exécutifs locaux d'augmenter leur rémunération jusqu'à 40 %. Pour Darmanin, « Le non-cumul des mandats affecte les présidents des exécutifs, notamment les plus importants ». Pour lutter contre la « précarité » des élu.es, la mesure concerne les maires des villes de plus de 100 000 habitants ainsi que les exécutifs départementaux, régionaux et métropolitains. Quand on sait que Darmanin vise la mairie de Lille et la présidence de la MEL, on est à deux doigts de penser qu'il a une petite idée de comment arrondir ses fins de mois… et amadouer les pontes locales.

Baisse des impôts au département mais pas d'argent pour les réfugiés

Début janvier, Jean-René Lecerf, président centriste du département du Nord, s'est félicité d'avoir baissé les impôts de 50 millions d'euros sur le foncier bâti (que les propriétaires paient...) Celui-ci voulait « associer son destin en tant que président du Nord à cette baisse. » Cette promesse tenue interroge, quand dans le même temps, il déplore le manque de financement de places pour les mineurs isolés... correspondant, selon lui, à 58 millions d'euros pour 2018. JR, on a une idée de comment financer l'aide aux exilé.es à la rue ou dans des camps de fortune.

Daubresse en form...ation

Le 13 janvier dernier, France Info révèle des soupçons de détournement de fonds publics de la part des élu.es à travers la formation... des mêmes élu.es locaux.les. Pour financer de manière déguiser les partis politiques, ces derniers mettent en place des structures de formation, financées... par les collectivités locales dirigées par ces mêmes élu.es. Pratique. Dans la combine, Marc-Philippe Daubresse, ancien maire de Lambersart et aujourd'hui sénateur Les Républicains. En décembre 2017, des élu.es d'opposition déposent plainte pour détournement de fonds publics. En cause ? Des séminaires organisés en 2012 par Daubresse en tant que maire de Lambersart. Pour un seul séminaire, la ville a payé 7 500 euros à l'association nationale pour la démocratie locale (ANDL), institut de formation rattaché à l'ex-UMP. Problème, l'intervenant a été directement payé par la ville et non par l'ANDL. Pour Joseph Bregam, l'avocat des plaignants cité par France Info : « L’ANDL n’a pas servi à organiser, elle n’a pas servi à former, elle n’a servi qu'à facturer. » Ou comment financer la vie politique par des moyens détournés ?

Tolérance Duhem

Sébastien Duhem, président du conseil du quartier Lille-Fives et par ailleurs adjoint PS à la propreté, ne sait plus comment exister. L'élu se prend pour Giuliani, ancien maire de New York et promoteur de la tolérance zéro. Il multiplie les sorties publiques pour lutter contre les crottes de chien, mégots de cigarettes et autres poubelles qui traînent sur la voix publique. Le 7 février, il déclare à La Voix du Nord qu'il va « renforcer la phase de sensibilisation ». Pour lui, il faut appliquer la « Tolérance zéro. Cela fait des mois que nous alertons, que nous informons, que nous passons dans les rues… C’est dommage de devoir mettre les gens au pied du mur pour qu’ils comprennent. Aujourd’hui, c’est fini, nous lançons la phase répressive.» Déjà en 2016, il avait eu son heure de gloire lorsque dans une publicité, un mégot géant était érigé Grand-Place constitué de mégots par milliers. Mais Duhem a d'autres cordes à son arc, il est attaché au "rayonnement" et à la "bonne image" de la ville. Et pour lui, cela passe par la propreté des rues : « Non seulement, on ne veut plus voir de sacs traîner dans l’après-midi, mais on ne veut pas non plus que les gens qui vont au resto à 21 heures enjambent les déchets des uns et des autres, les cartons des magasins, etc. On est dans une ville hyper touristique, ça n’est plus possible. » Alors que le Giuliani lillois est aux abonnés absents sur la mort de Selom et Matisse, on est rassuré.es de le savoir occupé avec les ordures.

Fasquelle et Têtu

Le 24 octobre dernier, Daniel Fasquelle, le député LR du Pas-de-Calais et ancien maire du Touquet, déposait une proposition de loi relative à la protection des enfants. Avec le soutien de trente député.es LR (dont Pierre-Henri Dumont, député du Pas-de-Calais), il souhaitait inscrire « l'intérêt supérieur de l'enfant » dans la loi. L'édile voulait consacrer « des modèles clairs, structurants et positifs : bon père et bonne mère de famille ». En clair, inscrire une vision hétérocentrée de la famille. Il allait plus loin, mettant en lien homosexualité... et pédopornographie. En effet, pour « mieux protéger l'enfant » selon lui, il s'agit de renforcer l'arsenal juridique pour lutter contre la pédopornographie « par la correction des incohérences de notre droit, qui tiennent, par exemple, à ce que le mariage entre personnes de même sexe ait été mal placé dans le Code civil ». Mis face à ses propos par le magazine Têtu et au retrait progressif de tous ses soutiens, il a retiré sa proposition.

La fidélité selon Aubry

Le 28 janvier dernier, le conseil municipal de Lille a été le théâtre d'un vif échange entre Martine Aubry et son ancienne directrice de cabinet Violette Spillebout. La raison ? Le refus de verser la subvention de 130 000 euros annuelle à la maison de la photo, dirigée par son mari cette année. Derrière cette décision, les ralliements récents du couple Spillebout à La République en marche. Violette Spillebout profite du conseil municipal pour faire son coming out, s'affichant aux côtés de Christophe Itier, haut commissaire à « l'économie ni sociale, ni solidaire », et potentiel candidat aux municipales 2020 à Lille. Comme le dit Martine Aubry : « J’aime l’honnêteté, en politique. Et j’aime la fidélité, aussi. » Si on avait besoin d'une preuve supplémentaire que les subventions sont distribuées en fonction des affinités politiques…

Pargneaux, le zélé fantôme

Gilles Pargneaux, ancien patron de la fédération PS du Nord, nouveau marcheur, et accessoirement notre crevard favori, annonçait fièrement fin 2017 avoir réuni 70 député.es européen.nes pour soutenir Emmanuel Macron. Il parlait alors d'un « groupe informel ». Or, comme le raconte le journal La Croix, il s'agirait d'une « liste inventée de A à Z et montée de toutes pièces ». « Bigoudis », comme il était surnommé au PS, a juste « identifié 70 élus qui pourraient, potentiellement, partager son intérêt pour les idées du président français ». Ou comment passer de chef de file macroniste à chef d'un train fantôme.

Kanner se lève du pied gauche

kannermare 1Patrick Kanner, socialiste (du moins, adhérent au PS), ancien ministre des sports, ancien président du Conseil général... et qui se retrouve aujourd'hui au Sénat (qui n'a, pour le coup, jamais été aussi bien classifié comme une maison de retraite des vieux caciques de la politique), n'a pas perdu espoir de jouer un rôle politique au sein du PS. Début janvier, il a ré-ouvert son blog personnel (désormais seule option pour les socialistes d'exister ?), avant de briguer la tête du groupe PS du Sénat. Après avoir été ministre sous François Hollande, avoir avalisé les décisions portant sur l'état d'urgence, le CICE ou encore la loi travail, Kanner se serait-il réveillé à gauche ? Les sénateurs PS ont ainsi déposé un recours le 16 février contre la loi sur le régime d'asile européen, qui permet « de placer en centre de rétention des étrangers ». Pour Kanner, il s'agit d'une privatisation de liberté. À croire que les municipales à Lille approchent… et qu'il a, lui aussi, retrouvé sa « liberté » de penser.

Atlas de merde

Les Éditions du CNRS ont publié un ouvrage qui occupe actuellement les têtes de gondoles du rayon SHS du Furet du Nord : Lille Métropole en Europe et dans le monde. Financé par la caisse des dépôts et consignations et la MEL, l’ouvrage ne cache pas son objectif : matérialiser à l’aide de cartes « la force de frappe métropolitaine et son potentiel mondial dans tous les domaines ».
Son auteur, le géographe et ancien ambassadeur Michel Foucher n’est pas le premier chercheur à prêter son aura scientifique au « projet métropolitain ». Didier Paris avait théorisé en son temps la « bifurcation métropolitaine », avatar local du projet néolibéral mêlant tertiarisation de l’économie et précarisation de l’emploi. Ici, l’objectif n’est pas si éloigné. Il s’agit de donner raison aux ayatollahs de l’attractivité du territoire et du rayonnement international de la métropole, de démontrer, atlas à l’appui, l’ampleur et la profondeur des présences et des ouvertures européennes et internationales des acteurs de la MEL. Mais aussi de celles et ceux attiré.es par ce qu’elle offre : attraction et diffusion sont les clés de l’influence. Pour lire un autre récit, plus critique, vous pouvez toujours lire Sociologie de Lille écrit par le collectif Degeyter. Ou La Brique.

La guerre des villes, saison 1

Dans l'épisode pilote, une guerre sans merci opposait trois villes pour remporter le trône de fer : organiser en 2018 le Festival international des séries télés, événement d'ampleur internationale et juteuse vitrine pour les investisseurs du divertissement et du numérique. C'est Lille, devant Cannes et Paris, qui sort victorieuse d'une baston savamment orchestrée par les politiques de droite comme de gauche, et organisera Séries Mania fin avril 2018.
Tout fier de son nouveau bébé, Xavier Bertrand lui a refilé 3,5 millions d'euros d'argent de poche (sur un budget annuel d'environ cinq millions, quand même, dont un million du Centre National de la Cinématographie). Le feuilleton n'est pas terminé puisque Cannes joue les outsiders en maintenant son propre événement, trois semaines avant Lille, avec une quasi-exclusivité sur les séries Canal +... Mais c'est pas grave, nous on aura Candice Renoir !

La stratégie du Mojito

Dans un portrait rédigé par le journal en ligne Médiacités, quelques informations sur le directeur général des services de la MEL, Bruno Cassette. Depuis trois ans et l'élection de Damien Castelain, il a entrepris un travail de placardisation des cadres, expédiés loin de la métropole. On découvre également ses rapports avec les organisations syndicales de la MEL quand il apprend la distribution d'un tract : « Cassette nous a convoqués dans son bureau [...] Il nous a engueulés comme des gamins, comme si on avait fait une grosse bêtise. » Mégalo, Cassette a également systématisé la distribution de mojitos lors des réunions de direction. Pour mieux endormir ses cadres ?

Une opération bien maquillée

Samedi 27 janvier, le soi-disant humoriste Dieudonné s'est produit en grande pompe et devant une salle comble à la Condition Publique de Roubaix. On était habitué.es à l'opportunisme de Jean-Christophe Levassor, le patron des lieux, mais pas à ce point. Dans un communiqué publié en commun avec Frédéric Minard, adjoint à la culture de la mairie de Roubaix et président de la Condition Publique, l'intéressé dit avoir été « trompé ». Dieudonné et sa boîte de com' se seraient fait passer pour une marque de cosmétiques afin de louer la salle incognito pour la soirée. Devant l'afflux du public venu fêter le sinistre personnage, la direction a fini par comprendre son erreur mais a finalement décidé de ne pas annuler la représentation « pour des raisons de sécurité ». Ou pour garantir ses futures locations d'espace ? Une notion de la sécurité et du service public toute... cosmétique.

Bertrand conTRAINdictoire

mareDepuis début janvier 2018, Xavier Bertrand défend mordicus la privatisation progressive de la SNCF et notamment des lignes TER. Il déclare ainsi : « Le temps est donc venu d’ouvrir à la concurrence ». Alors que le rapport Spinetta est sorti fin février - proposant une privatisation progressive par la multiplication des filiales pour la SNCF et la fermeture des petites lignes - le président de la région Hauts-de-France se réveille : « Si on continue comme ça, on va faire une France que des métropoles et des très grandes villes, et ceux qui n'habiteront pas dans ces métropoles, bah ils n’ont pas de chance, et on les laisse de côté. Non ! On ne laisse personne sur le bord du chemin ». À croire que l'édile découvre la définition de l'ouverture à la concurrence…

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